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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Le gouvernement et sa garantie d’accès : pour la FIIQ, c’est plutôt l’illusion d’une garantie.

Québec, le 17 mai 2006  –   C’est aujourd’hui que la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIIQ) a fait connaître son mémoire en Commission parlementaire concernant le document de consultation intitulé Garantir l’accès: un défi d’équité, d’efficience et de qualité. Pour la Fédération, il est clair que le gouvernement Charest a voulu présenter sa garantie d’accès afin de plaire à l’électorat mais qu’en fait, c’est plutôt l’illusion d’une garantie qui en ressort.

Après le soulagement, la préoccupation

Lorsque le gouvernement Charest a présenté, en février dernier, sa réponse au Jugement Chaoulli, la Fédération était relativement soulagée. « Dans un premier temps, nous avons été surprises et soulagées puisque l’on s’attendait au pire. Une fois cette réaction passée, nous avons attentivement analysé le Livre Blanc et en le lisant en profondeur, on se questionne sur les réelles motivations de ce gouvernement », soulève Lina Bonamie, présidente de la FIIQ. En effet, la Fédération considère que le gouvernement Charest a donné une portée plus grande au jugement Chaoulli et que l’ouverture à la privatisation ne constitue pas la seule option. Les listes d’attente peuvent être diminuées en investissant les montants adéquats dans le réseau public.

Une profession de foi contradictoire

La Fédération reste perplexe face à la profession de foi du gouvernement Charest envers le secteur public. « On ne peut que percevoir, dans ce Livre Blanc, une contradiction profonde dans le discours de ce gouvernement. Comment peut-il affirmer sa volonté de protéger le système de santé public alors qu’en même temps, il introduit à l’intérieur de ce même système le secteur privé? », questionne madame Bonamie. Pour la Fédération, la brèche que vient de faire le gouvernement Charest dans le secteur public sera impossible à refermer si l’ensemble de la population québécoise adhère à cette vision. «Malheureusement, le manque de temps et le manque d’informations ne permettront pas à la population de comprendre l’ensemble de ces enjeux et de saisir l’impact sur les soins de santé», déplore la présidente.

D’autres solutions possibles

Le gouvernement Charest propose, comme solution aux listes d’attente, de faire une place au secteur privé par l’introduction de la garantie d’accès et une ouverture au secteur privé et ce, de différentes manières. À l’intérieur de la garantie d’accès, il prévoit des partenariats public-privé et de la sous-traitance d’interventions au secteur privé. Il autorise l’introduction de l’assurance privée pour certains épisodes de soins. « Il semble que ce gouvernement ne se soit pas interrogé sur la façon d’améliorer l’accès dans le secteur public lui-même. Pourtant, il est possible et faisable de résoudre le problème des listes d’attente à l’intérieur d’un réaménagement du secteur public, en y consacrant temps et efforts, y compris financiers », poursuit madame Bonamie. La Fédération soulève, par exemple, les cas de la cardiologie et de la radio-oncologie où des résultats positifs ont été constatés. Pourquoi alors ne serait-ce pas possible pour les autres types de soins?

Une garantie de soins pour qui?

Pour la Fédération, il est évident que cette garantie jette plutôt de la poudre aux yeux. Pensons aux patients en attente d’une chirurgie de la cataracte qui sont, très souvent, des personnes âgées. « Ces personnes sont moins susceptibles de vouloir se déplacer à l’extérieur de leur région pour subir une intervention chirurgicale. Une grand-maman de 80 ans qui attend depuis six mois pour une chirurgie de la cataracte à l’hôpital près de chez elle, peut-elle penser que sa situation sur la liste d’attente sera améliorée avec l’introduction de cette garantie d’accès? La réponse est non », affirme madame Bonamie. Et l’assurance privée duplicative? « Elle semble, sans aucun doute, destinée à des groupes particuliers, généralement des personnes en bonne santé, en emploi ou qui ont la capacité de payer », poursuit la présidente.

Une véritable garantie de soins publics

La Fédération croit qu’une véritable garantie de soins publics est nécessaire, ce que le gouvernement, avec sa proposition actuelle, ne donne pas. « Cette garantie doit s’appuyer sur l’amélioration de l’offre des services publics, une réorganisation des services qui remplisse les promesses non encore tenues du virage ambulatoire et d’un financement adéquat », précise la présidente. La Fédération juge que toute solution qui fragiliserait encore davantage le réseau public de la santé et des services sociaux ne peut être acceptable. Toute proposition qui drainerait les ressources du réseau public vers la construction d’un réseau privé parallèle apparaît comme une solution inacceptable pour la population québécoise.

La Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIIQ) regroupe 56 500 professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires dont des infirmières, des infirmières auxiliaires, des inhalothérapeutes, des perfusionnistes et des puéricultrices. Les membres proviennent de tout le Québec et exercent dans des établissements publics du réseau de la santé.