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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Commission parlementaire sur le projet de loi no 20 — Pour régler les problèmes d’accessibilité, la FIQ propose une révolution : une réelle équipe de professionnelles en soins et de médecins

Lors de l’audience de la FIQ aux consultations particulières sur le projet de loi no 20 du ministre de la Santé et des Services sociaux, la vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ, Nancy Bédard, était accompagnée de Christine Laliberté, une infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne (IPSPL). Mme Laliberté est venue faire une proposition concrète, audacieuse et innovante qui a émergé de l’équipe de la Clinique Saint-Vallier de Québec, dont font partie des médecins et des infirmières œuvrant sur le terrain.

Télécharger le document de présentation du projet de la clinique Archimède ( PDF | 130Ko )

« L’environnement de la Clinique St-Vallier est un terreau parfait pour tester de nouvelles pratiques. Les membres de l’équipe de la clinique sont ouverts et excités à l’idée d’être des agents de changement pour les soins de santé au Québec », a affirmé Mme Laliberté.

Les intervenants de la Clinique St-Vallier suggèrent au ministre d’y changer complètement l’organisation du travail en misant sur une équipe de professionnelles en soins et de médecins qui travailleraient en étroite collaboration interprofessionnelle et où les infirmières agiraient comme levier d’excellence. Cette clinique porterait le nom d’Archimède.

« Notre projet vise à transformer en tous points la façon dont les soins seront offerts dans ce Groupe de médecine de famille. Les besoins de la population sont complexes et le quartier est souvent boudé par les médecins qui préfèrent souvent s’établir ailleurs dans la Capitale. Le secteur de la Basse-Ville de Québec est donc en manque d’effectifs médicaux. Comme dans la plupart des cliniques médicales, toutes les consultations se font actuellement par un médecin. C’est ce que nous voulons changer. L’initiative et la créativité des médecins de cette clinique sont reconnues dans la région. Leur ouverture, défiant parfois les conventions, en fait l’équipe idéale pour ce projet », a poursuivi l’infirmière praticienne spécialisée.

Le projet

Actuellement, l’accessibilité aux soins de santé est synonyme d’accessibilité aux médecins de famille. Or, il est possible de transformer cette idée d’accessibilité sans que le médecin de famille soit le premier consulté à toutes les visites. La Clinique Archimède adhère au principe que le patient rencontrera toujours le professionnel de la santé dont les compétences sont utilisées de façon optimale pour répondre à ses besoins. Ainsi, l’accès aux professionnels sera priorisé selon l’ordre suivant :

  1. l’infirmière clinicienne
  2. l’infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne
  3. le médecin

Ce sont les compétences respectives de chacun qui orienteront la prise en charge. Le professionnel doit toujours être en pleine connaissance de l’étendue de son champ de pratique afin de référer le patient au professionnel suivant lorsque sa limite est atteinte.

Archimède offrirait un service téléphonique et un service Web, une clinique sans rendez-vous et avec rendez-vous. Pour illustrer ce que pourrait accomplir la Clinique, voici la proposition de parcours du patient pour le « sans rendez-vous » :

L’accueil à la clinique sans rendez-vous serait fait par une infirmière clinicienne. Une évaluation serait faite afin d’identifier la bonne ressource à utiliser, et ce, de la façon suivante :

  1. Infirmière clinicienne :
    • si une ordonnance collective lui permet de répondre au besoin ;
    • si son champ de pratique le lui permet en lien avec la Loi sur les infirmières et infirmiers du Québec (LII).
  2. Infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne (IPSPL) :
    • si l’infirmière clinicienne ne peut pas s’occuper du client et si la situation ne nécessite pas une intervention médicale obligatoire au sens de la Loi.
  3. Médecin :
    • si ni l’infirmière clinicienne ni l’IPSPL ne peuvent voir le client ;
    • si la situation nécessite une intervention médicale obligatoire au sens de la Loi.

Dans le sens contraire, l’IPSPL répond aux demandes d’intervention des infirmières cliniciennes et le médecin répond aux demandes d’intervention de toutes les infirmières. La clinique sans rendez-vous aura toujours sur place les professionnels suivants, qui rencontreront tous des clients simultanément :

  • Une infirmière auxiliaire;
  • Deux infirmières cliniciennes;
  • Une IPSPL ;
  • Un médecin.

« Le principe de ce que nous proposons existe ailleurs au Canada et dans le monde. Nous souhaitons offrir à la population les services de santé les plus sains qui soient. Des soins qui se mesurent à la hauteur de ceux que nous souhaiterions recevoir. En répartissant les tâches en fonction des compétences de nos intervenants, chacun s’exprimera à travers la satisfaction des services qu’il offrira. Outre les bénéfices certains sur le plan de la gestion du temps, de la répartition des tâches, de l’accessibilité et de la réduction des coûts, le niveau de satisfaction au travail sera élevé et le patient en sera le premier à en bénéficier », a indiqué Christine Laliberté.

« Nous sommes fières d’appuyer cet extraordinaire projet. Il correspond en tous points à la vision de la FIQ et à notre approche de syndicalisme de propositions. Nous espérons grandement que cette clinique voit le jour pour le bien des patients de la région et nous souhaitons que d’autres initiatives se multiplient partout au Québec », a affirmé la vice-présidente de la FIQ, Nancy Bédard.

Une révolution pour dispenser les soins de santé

La FIQ propose une véritable révolution dans la façon de dispenser les soins de santé au Québec. Dans son mémoire présenté aujourd’hui elle suggère 9 leviers pour améliorer l’accessibilité aux soins de santé de première ligne. « L’accès aux soins ne passe pas uniquement par la pratique médicale, mais aussi par celle des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires. Pour garantir à la population québécoise des soins de qualité et sécuritaires, il importe que chaque membre de l’équipe de soins puisse pleinement jouer son rôle professionnel en occupant l’entièreté de son champ de pratique et en réalisant ses activités professionnelles réservées. Les infirmières, les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes veulent soigner et pouvoir bien le faire. Elles peuvent faire plus, elles peuvent faire mieux, encore faut-il leur permettre de le faire », a déclaré Nancy Bédard.

Pour accroître et simplifier l’accès aux soins de première ligne à la population, tout en favorisant leur prise en charge effective, le gouvernement doit permettre aux professionnelles en soins de compléter, de renforcer et d’intégrer l’équipe médicale de première ligne. La FIQ croit, pour une meilleure prise en charge des besoins de la population, en une première ligne forte basée sur les compétences des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires. Ces dernières pratiquent déjà dans de nombreux lieux de dispensation de soins en première ligne (CLSC, GMF, soins à domicile, Info-Santé, etc.) et contribuent grandement à la continuité et à la qualité des soins. Elles pourraient toutefois y être présentes en plus grand nombre et davantage de mesures pourraient être mises en place pour s’assurer de l’utilisation pleine et entière de leurs compétences professionnelles. Des initiatives telles que des cliniques dirigées par des infirmières méritent l’attention du gouvernement pour mettre encore davantage l’expertise des professionnelles en soins au profit de la population québécoise.

« Des solutions comme celles que nous proposons ont déjà été expérimentées ailleurs et ont fait leurs preuves. À Québec, la Clinique SABSA obtient des résultats exceptionnels depuis quelques mois. Sur plus de 1000 consultations, moins de 5 % des patients ont dû être référés à un médecin, la très vaste majorité des cas ayant été réglés par l’infirmière praticienne ou les infirmières. C’est un succès qui doit inspirer le gouvernement », a ajouté Nancy Bédard.

La FIQ demande que les lois et règlements professionnels soient modifiés pour qu’une approbation locale ne soit plus nécessaire et conditionnelle à la mise en œuvre des ordonnances collectives nationales : une telle approbation freine actuellement la pleine utilisation de ces outils de collaboration interprofessionnelle. « En plus des ordonnances collectives, nous jugeons que la prescription infirmière serait un autre outil à développer davantage pour favoriser l’accessibilité et la continuité des soins aux patients. La prescription de médicaments pour des problèmes de santé mineurs, le prolongement des prescriptions médicales dans le cas de maladies chroniques et la prescription d’analyses de laboratoire, de tests diagnostiques ou de radiographies aideraient à une meilleure prise en charge des patients. Des outils et des pratiques cliniques découlant d’avancées technologiques, par exemple le dossier médical informatisé, seraient également utiles pour optimiser la contribution des professionnelles en soins aux soins dont les Québécois ont besoin », a poursuivi la vice-présidente de la FIQ.

Les 9 leviers proposés par la FIQ au gouvernement sont les suivants :

  1. Transformer l’organisation du travail pour permettre aux professionnelles en soins de pleinement exercer leurs rôles, tâches, fonctions et responsabilités, et ce, dans tous les milieux de pratique où les besoins en soins et services de santé requièrent leur présence.
  2. Créer par voie législative les ordonnances collectives nationales en leur octroyant un statut normatif ainsi qu’une portée nationale et assouplir l’adoption des ordonnances collectives locales.
  3. Augmenter le pouvoir et la portée du droit de prescription des infirmières.
  4. Accentuer le déploiement des nouveaux rôles des professionnelles en soins.
  5. Renforcer et accroître les lieux de pratique de première ligne extrahospitaliers.
  6. Renforcer l’interdisciplinarité et la collaboration interprofessionnelle au sein des équipes de soins pour assurer une meilleure prise en charge et un suivi des patients, particulièrement ceux affectés de maladies chroniques.
  7. Établir et consolider des mécanismes de coordination des soins et des services de première ligne pour assurer une meilleure prise en charge et un suivi des patients, particulièrement ceux affectés de maladies chroniques.
  8. Faire davantage appel à des outils et à des pratiques cliniques émergeant des avancées technologiques et les intégrer efficacement dans les pratiques professionnelles.
  9. Mettre en place des mesures structurantes d’attraction et de rétention destinées aux professionnelles en soins, dont celles d’assurer la présence d’équipes de soins stables et suffisantes.

« Les professionnelles en soins de la FIQ veulent que la population québécoise ait accès à des soins sécuritaires et de qualité. C’est notre objectif. Nous pensons que ce que nous proposons est rapidement réalisable. Tout ce qu’il faut maintenant, c’est la volonté politique d’aller de l’avant et c’est ce que nous demandons au gouvernement et nous le demandons pour les patients », a conclu Nancy Bédard.

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