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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

La santé mentale et le syndrome de la porte tournante

La santé mentale et le syndrome de la porte tournante

Dans le réseau de la santé, la planification est gage de succès. Les décisions prises de façon précipitée sont souvent de mauvaises décisions qui entraînent son lot de conséquences désastreuses. Dans les dernières années, les services en santé mentale ont fait l’objet de diverses réorganisations où trop souvent, les engagements pris n’ont pas été respectés. Périodiquement, on ferme des lits destinés à la clientèle ayant des problèmes de santé mentale. L’annonce de la fermeture de la psychiatrie à l’Hôpital du Saint-Sacrement situé à Québec est le dernier exemple en lice. D’abord l’urgence psychiatrique et au cours des prochains mois, l’ensemble des lits d’hospitalisation courte durée devrait subir le même sort.

Le syndrome de la porte tournante à l’urgence, vous connaissez? Les gens n’ayant pas de médecin de famille y viennent pour une consultation et faute de prise en charge par la suite, ils y reviennent tôt ou tard. Ce syndrome de la porte tournante est particulièrement important pour les patient-e-s qui ont des problèmes de santé mentale. L’urgence psychiatrique et l’urgence générale représentent souvent la seule porte d’entrée pour ces patient-e-s qui n’ont pas de médecin de famille. Et si ces personnes ne sont pas prises en charge par la suite, elles y reviendront. Trop souvent, avec des problèmes s’étant accentués.

Alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux répète depuis plus de dix ans que la santé mentale est une priorité, on a souvent l’impression que les actions ne sont pas en concordance avec l’objectif: offrir un meilleur accès aux services aux patient-e-s. Le dernier plan d’action en santé mentale 2015-2020 du gouvernement libéral avait de grandes visées et il est encore difficile d’en valider l’efficacité, mais disons qu’à la lumière de ce que l’on constate sur le terrain, on peut supposer que les résultats ne seront pas au rendez-vous. Tout comme pour les soins aux personnes âgées, la décentralisation des services pour les patient-e-s en santé mentale est souhaitable, voire essentielle. Mais si les services ne sont pas accessibles pour ces patient-e-s, les cas malheureux se multiplieront.

Cette semaine, j’ai eu la chance de passer une journée avec les professionnelles en soins de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal pour leur parler des projets-ratios sécuritaires professionnelles en soins / patient-e-s. J’y ai rencontré des personnes passionnées par leur travail, mais qui peinent à trouver les moyens pour bien répondre aux besoins de leurs patient-e-s fragiles. Plusieurs de ces professionnelles en soins ont été les témoins des nombreuses réformes en santé mentale, mais elles attendent toujours les supposés bienfaits.

Lors de la dernière campagne électorale, les différents partis politiques ont beaucoup parlé de l’accès aux soins de santé en première ligne. Par contre, ils ont très peu parlé de l’importance d’avoir cette même première ligne pour les soins en santé mentale. Il est grand temps que les politiciens s’engagent à offrir des soins à cette tranche de la population hautement vulnérable.

La CAQ est maintenant aux commandes à l’Assemblée nationale. Ce nouveau gouvernement doit s’attarder à l’organisation des soins en santé mentale afin de mieux répondre aux besoins. Il pourrait commencer par où? Exiger un moratoire sur la fermeture de la psychiatrie à l’Hôpital du Saint-Sacrement. Il me semble que ce serait un bon début!