Comité SST

Le réseau de la santé a aussi besoin de soins!

De récentes publications concernant le réseau de la santé et des services sociaux suscitent l’intérêt et soulèvent de vives inquiétudes. Certaines traitent du taux d’absentéisme record chez le personnel, soulignant que les problèmes de santé mentale en sont la première cause. D’autres, comme le Rapport sur les incidents et accidents survenus lors de la prestation des soins et services de santé au Québec, rapportent notamment que les cas de mortalité chez la clientèle, à la suite d’une chute, d’une erreur de médication ou de traitement, ont augmenté de 15 % entre 2014-2015 et l’année précédente et que la sous-déclaration de ce type d’évènements demeure un problème.

Il ne s’agit là que de quelques symptômes d’un réseau de la santé en difficultés grandissantes, mais ce qui est le plus troublant, c’est de penser que la réorganisation actuelle n’aidera en rien les choses. Tout ce brassage de structures laisse malheureusement présager que cette tendance progressera au cours des prochaines années.

Si les travailleuses de la santé s’absentent de plus en plus, si les professionnelles en soins ne sont pas remplacées faute de personnel ou de budget, si elles se font déplacer d’un site à l’autre, si leur expertise est sous-utilisée, si leur charge de travail continue à augmenter, si les heures supplémentaires obligatoires se multiplient et que la demande de soins se fait de plus en plus criante… Comment peut-on espérer que la situation s’améliore? Comment peut-on penser que la qualité et la sécurité des soins ne sont pas compromises, et que la santé physique et psychologique des professionnelles en soins n’est pas constamment menacée?

Toutefois, malgré ce tableau inquiétant, il y a heureusement des solutions à la portée des professionnelles en soins. D’abord, lorsque les employeurs respectent et appliquent les dispositions prévues à la Loi sur la santé et la sécurité du travail, c’est un premier pas permettant de soigner le réseau de la santé et les travailleuses qui y œuvrent. On peut notamment penser à une organisation du travail qui ne porte pas atteinte à leur santé, à une information adéquate sur les risques auxquels elles peuvent être exposées, à un environnement de travail sain et à du matériel sécuritaire, ou encore à une formation, un entraînement et une supervision appropriés et permettant d’accomplir les tâches et fonctions sans se mettre en danger (LSST, art. 51).

Ensuite, la FIQ propose plusieurs solutions, dont l’instauration de ratios professionnelles en soins/patient-e-s. Au nombre des gains obtenus lors de la dernière négociation, mentionnons qu’un comité travaillera à la mise en place de projets pilotes sur cet aspect. De tels ratios, en plus d’agir directement sur la charge de travail et la sécurité des soins, contribueraient à une meilleure stabilité des équipes de soins et favoriseraient un sentiment d’appartenance. Ils feraient aussi en sorte de valoriser et de mieux utiliser l’expertise des professionnelles en soins.

Bref, différents leviers existent et il est plus que temps de les utiliser afin de prendre soin du réseau de la santé, qui en a bien besoin!

SST au courant?

Le Québec est la première province à avoir rendu obligatoire, en 2002, la déclaration des incidents et des accidents qui surviennent lors de la prestation des soins et des services de santé.

481 000 évènements ont été déclarés entre le 1er avril 2014 et le 31 mars 2015, allant d’incidents mineurs jusqu’à des accidents ayant entraîné la mort. Ils sont principalement survenus dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée ainsi que dans les centres hospitaliers.

L’équipe syndicale FIQ peut appuyer les professionnelles en soins lors de démarches entreprises auprès de l’employeur, par exemple pour agir sur un fardeau de tâches par le biais du comité de soins.