Comité SST

Les ratios professionnelle en soins/patient-e-s : une question de santé et de sécurité

Les ratios professionnelle en soins/patient-e-s : une question de santé et de sécurité

Il est bien connu que l’on ne doit pas croire tout ce qui est dit ou écrit dans les médias. Il est aussi essentiel de juger de la crédibilité d’une information selon sa provenance. Ainsi, lorsque le gouvernement prétend que les compressions en santé n’ont pas affecté la qualité, la sécurité et l’accessibilité des soins, on peut sérieusement en douter. En effet, qui de mieux placé pour démentir ces propos que les premières concernées : les professionnelles en soins.

Fréquemment, leurs représentantes syndicales sont témoins de la détresse, de l’épuisement et du découragement des professionnelles en soins qui doivent régulièrement faire face à de grandes pressions et à une très lourde charge de travail. Les propos qu’elles entendent ressemblent souvent à : « Je n’en peux plus, je vais postuler à un autre poste. Je ne dors plus, je suis à bout de souffle, je me sens incapable d’accomplir mes tâches habituelles. J’ai perdu la flamme, je vais quitter la profession ». Parce que ce désenchantement est observé dans nombre d’établissements, la FIQ a entrepris des démarches visant à mesurer les impacts réels des compressions budgétaires sur la pratique professionnelle et sur l’organisation du travail des professionnelles en soins.

Par exemple, les résultats d’une consultation menée auprès des professionnelles en soins du CISSS du Bas-Saint-Laurent en 2016 confirment les affirmations de la Fédération et démontrent clairement que, compte tenu des multiples compressions budgétaires imposées à répétition aux établissements de santé, les professionnelles en soins ont vu leur charge de travail augmenter significativement. Les chiffres sont éloquents : la plupart d’entre elles manquent de temps pour accomplir des aspects importants de leur pratique, dont l’enseignement et la surveillance clinique nécessaires pour assurer la sécurité et la qualité des soins dispensés aux patient-e-s.

En plus des impacts négatifs sur les conditions d’exercice des infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes, la lourdeur de la tâche compromet également leur santé et leur sécurité au travail. En effet, en situation de surcharge, il devient difficile de prendre le temps d’assurer sa propre sécurité, comme adopter la bonne posture lors de la mobilisation des patient e s.

De plus, les professionnelles en soins doivent souvent faire des choix déchirants, susceptibles d’entraîner de la détresse morale. Ce thème a d’ailleurs été abordé par la FIQ dans le cadre de la Semaine SST 2016 : Code DM : un signal d’alarme. La Détresse Morale, un danger à reconnaître!

Pour pallier le manque de temps, certaines professionnelles en soins vont aussi prolonger bénévolement leur journée de travail, en commençant plus tôt, en terminant plus tard ou en omettant de prendre leurs pauses et leur temps de repas, au risque de vivre un épuisement professionnel.

Un cercle vicieux risque alors de s’installer : l’augmentation du taux d’absentéisme est susceptible d’alourdir davantage la charge de travail des professionnelles en soins.

Devant ces constats grandement préoccupants, la FIQ propose des solutions concrètes, dont l’une a déjà fait ses preuves ailleurs dans le monde. Le concept est simple : des équipes constituées selon des ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s, des ratios basés sur les besoins des patient e s et non pas établis selon le budget des établissements comme c’est le cas actuellement.

La FIQ propose donc d’instaurer des ratios ayant pour objectif la sécurité des soins, garantissant ainsi un nombre maximal de patient-e-s, au profil similaire, pour une équipe de professionnelles en soins. L’implantation de tels ratios, notamment dans l’État de Victoria en Australie et dans l’État de la Californie aux États-Unis, a généré des impacts positifs majeurs, tant pour les patient-e-s que pour les professionnelles en soins. Pour ces dernières, les bénéfices sont nombreux : meilleure stabilité des équipes, diminution des risques d’insatisfaction au travail et de détresse psychologique, réduction du taux d’absentéisme, augmentation de l’attraction envers la profession, meilleur suivi offert aux patient-e-s, etc. Pour les patient-e-s, mentionnons la diminution de la durée du séjour et l’amélioration de la qualité des soins en général.

La FIQ est à l’avant-garde en ce qui concerne les ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s. En effet, depuis l’automne 2016, un comité paritaire formé de la Fédération et du MSSS, a pour mandat d’étudier la pertinence et la faisabilité des ratios par la mise en place de projets pilotes. La FIQ est d’ailleurs la première organisation syndicale au Canada à avoir inclus un tel comité dans sa convention collective.

À n’en pas douter, les ratios sécuritaires sont une solution gagnante pour les professionnelles en soins et pour les patient-e-s et, à cet égard, il sera fort intéressant de suivre les travaux de la FIQ dans le futur, notamment quant aux impacts possibles en matière de santé et sécurité du travail.

SST au courant?

  • En Californie, l’implantation de ratios sécuritaires a entraîné la diminution du taux d’accidents de travail.
  • La FIQ offre gratuitement aux professionnelles en soins des formations accréditées, notamment L’advocacy des patient-e-s : La défense et la promotion des droits et des intérêts des patient-e-s et L’advocacy 2 : Passer à l’action. Les membres de la Fédération pourront obtenir l’information auprès de leurs équipes syndicales locales.
  • Sur son site Web, la FIQ met à la disposition des professionnelles en soins le Formulaire de soins sécuritaires où elles peuvent dénoncer les situations où les conditions d’exercice ne permettent pas d’offrir des soins de qualité, sécuritaires et humains aux patient-e-s.
  • La lecture du FIQ Dossier spécial Soins sécuritaires, paru en décembre 2016, permet de mieux saisir cet enjeu crucial que sont les ratios sécuritaires pour les professionnelles en soins.