Je dénonce

CIUSSS de l’Estrie – Centre Hosp. Univ. de Sherbrooke cas #900

Bonjour!!!

Je suis infirmier auxiliaire à l’hôpital de Granby, en médecine, je fais un test sur votre nouveau courriel, en étant perplexe, sur un changement, mais je tente le coup!!!

Je vous écris car je suis tanné de mon travail, pourtant, je l’adore!!! J’adore mon équipe, j’adore ma supérieur, qui tente tout pour améliorer notre sort, mais qui a les mains liés, j’adore le département que je travaille, mais je suis tanné… Tanné de me faire insulter, de me faire crier, de me frapper, cracher au visage par des patients presque tous les jours et de n’avoir aucun recours, aucun protocole, et aucun changement, malgré qu’on dénonce!!! Je suis tellement tanné que, en fait, je ne dénonce plus, car de toute façon, ça ne change rien!!!

Et aujourd’hui, sur notre département, nous avons plusieurs patients agressifs et confus, qui ont frappé des collègues, et ils ont crachent aux visages d’une autre et « grafigné » une autre, et cela, en plus, des agressions verbales et des insultes multiples… et malgré tous cela, les médecins hésitent à donner de la médications, et ce probablement à cause du fameux programmes OPUS, qui demandent de diminuer les médicaments anti-psychotiques. L’idée de départ était bonne, car il y avait des abus de ces médicaments sur des patients qui n’en avait pas besoin, mais malheureusement, beaucoup de médecins prennent cela très au sérieux et refusent même d’en prescrire, même si certains patients en ont réellement besoins, car sans ces médicaments, ils deviennent très agressifs et frappent les membres du personnel.

Aujourd’hui même, j’ai un patient qui a reçu un changement de prescription, et au lieu d’avoir de l’haldol 0.5mg PO ou S/C, si agitation, le médecin à changé sa prescription pour (écrit, mots pour mots) : « Haldol 0,5 mg S/C q 30 min ou 0,5mg PO q 1h, PRN si POUSSE, FRAPPE, LANCE OBJETS, max 3 doses/24h »…. Si je comprend bien cette prescription, il faut attendre que le patient nous pousse, nous frappe ou nous lance un objet pour pouvoir lui donner un médicament pour le calmer. Nous devons subir de la violence physique pour pouvoir agir… Est-ce que vous trouvez cela normal, vous? Et en plus, ce patient est agressif, et ils violentent déjà les membres du personnel presque tous les jours. Je suis allé voir le médecin qui a fait la prescription, et je lui ai posé la question, à savoir, s’il fallait vraiment se rendre-là, avant de le médicamenté, et elle m’a répondu, que oui, car la médecine interne, voulait diminuer la médication pour calmer le patient car elle trouvait qu’il en prenait déjà beaucoup, et pourtant, il ne reçoit qu’un médicament anti-dépresseur, le matin, et un autre médicament pour atténuer son comportement agressif le soir, au coucher.
Depuis que ce « superbe » programme OPUS a débuté, je n’ai jamais vu autant de violence subis par le membre du personnel, et c’est encore pire dans les CHSLD, car ces patients agressifs, qui ont besoin de ces médicaments pour bien fonctionner et être calme, vont y habiter probablement pour le reste de leur vie. J’ai vu des patients devenir agressifs avec leur famille depuis ce programme, car le médecin avait cesser sa médication, et la famille l’implorait de lui redonner, mais il a refuser, car c’était une recommandation du programme. Et malheureusement, ce qui est triste dans tous cela, c’est que ces patients deviennent tellement agressifs, qu’ils sont un danger pour eux-même, pour les autres patients et même pour les membres du personnel, alors, ils sont constamment codé « BLANC », pour maîtriser un usager agressif, et cela leur impose une contention physique et une agression… Est-ce réellement mieux que la contention chimique? Vraiment pas…
Pour le bien de ces patients qui sont codé « blanc » presque tous les jours à cause que les médecins ne veulent pas leur donner la médication pour les atténuer, et si vous voulez vraiment conserver vos travailleurs de la santé qui sont tannées de vivre cette violence tous les jours, car il est bien d’avoir un bon salaire pour préserver et encourager la profession, mais c’est nettement plus important d’avoir une sécurité, un protocole pour diminuer cette violence au travail que les travailleurs de la santé subissent tous les jours. J’ai présentement une collègue préposée aux bénéficiaires qui fait des démarches pour aller travailler dans une usine à 14$/heure, car malgré ces 17 ans de services comme PAB, elle m’a affirmé qu’elle ne serait pas capable d’en vivre un autre 17 ans avant sa retraite, alors elle préfère avoir 14$/heure et arrêter de subir cette violence et ce stress que lui imposent son métier, et ce même si elle avait le 25$/heure promis par M. François Legault, pour les PAB, et si rien ne change, bien d’autres démissions vont suivre dans les prochaines années et il y aura moins de jeunes intéressés par la profession.

Nous n’avons aucun recours contre la violence au travail, j’ai déjà tenté de faire une plainte contre une patient (lucide), qui était fâchée contre moi car je ne parlais pas anglais, dans une ville que la majorité des habitants sont français. Elle me criait : « Speak Fucking English ». J’ai porté plainte auprès de la chef d’unité de la clinique externe à l’époque, et elle m’a donné un numéro de téléphone pour faire ma plainte, mais à ce numéro, on n’a dit que c’est à un autre numéro de téléphone, j’ai donc refait mon appel, et on m’a encore transférer à un autre numéro, toujours en me disant que ce n’était pas eux qui s’occupait de ces plaintes-là, alors au bout de 5 fois, on m’a transférer au premier numéro que je m’avais fait donner, donc, j’ai tourné en rond, et personne ne voulait s’occuper de ma plainte, alors je n’ai pas pu rien faire pour éviter que cela se reproduise… Cela prouve que nous subissons de la violence et que c’est tous simplement accepté, et maintenant, il n’y a plus personne qui font des rapports lorsque cela arrive, et personne ne les déclarent car nous savons tous, que cela ne changera rien et que cela va se retrouver aux archives, comme si rien ne s’était passé.

Pour être honnête avec vous, la violence subit au travail est très lourde à porter, et est-ce que vous seriez heureux d’aller travailler, en sachant que vous allez subir de la violence psychologique, physique, vous faire cracher au visage, vous faire insulter, aujourd’hui?  Je crois que la réponse est non, car tout humain ne serait pas heureux d’aller travailler dans ces conditions, même si on adore notre métier, alors je crois que bien avant d’avoir un excellent salaire, mieux vaut améliorer le sort des travailleurs de la santé, si vous voulez que les gens restent au travail.

Je sais que ce message, va probablement aller dans les archives, mais j’avais besoin de l’écrire pour vous faire part d’une des VRAI problématique pour les travailleurs de la santé, et c’est probablement la PLUS GRANDE problématique, qui fait en sorte que les gens quittent de métier et donnent leur démission pour aller travailler dans un domaine beaucoup moins payer et moins valorisant, en sachant qu’au moins, leur qualité de vie sera bien mieux. Il est probablement impossible de retirer toutes formes de violences dans ce domaine, mais si au moins, on aurait des outils pour la diminuer cette violence, des programmes de protections pour le personnel, de la médication pour les patients qui en ont réellement besoin, cela, aiderait beaucoup à améliorer la qualité de vie des travailleurs de la santé, mais pas seulement des formations, cela a été tenté, mais sans succès.