Je dénonce

Dénonciation dans les médias sociaux

Cette page ne contient aucun avis juridique et ne peut être interprété comme tel. Pour toute question relative à vos conditions de travail, n’hésitez pas à communiquer avec votre équipe syndicale locale

Depuis quelques années, les médias sociaux sont devenus un moyen très efficace pour faire entendre sa voix. Dans le réseau de la santé, les professionnelles en soins auront recours à ce média pour dénoncer les situations invivables ou qui mettent en danger leur sécurité et celle de leurs patient-e-s.

Loin de vouloir les décourager d’utiliser ce canal de communication, nous avons tout de même cru bon d’énumérer certaines mesures à prendre afin de diminuer les risques que les professionnelles en soins, qui ont le courage de briser le silence, ne s’exposent à des sanctions disciplinaires de la part d’employeurs ayant intérêt à dissimuler cette information, ou encore de la part de leur ordre professionnel.

Les informations suivantes sont mises à la disposition des professionnelles en soins qui songent à s’exprimer dans les médias sociaux au sujet de leurs conditions de travail tout en minimisant les risques de représailles de la part de leur employeur.

ATTENTION!

Vos publications sont publiques…

Les gens ont tendance à croire que les informations qu’ils mettent sur leur babillard sont du domaine de la vie privée.

Bien qu’il soit possible de modifier les paramètres pour restreindre l’accès à vos messages, prenez pour acquis que la planète entière pourrait y avoir accès.

La liberté d’expression est un droit fondamental…

Selon la Charte des droits et libertés de la personne :

Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association.

La liberté d’expression est particulièrement cruciale dans le domaine du travail.

  • Pour la salariée, le travail met en cause son bien-être et sa dignité.
  • La nature inégalitaire du rapport de travail favorise l’expression collective.
  • La liberté d’expression des syndicats et de leurs membres transporte sur la place publique le débat sur les conditions de travail.
  • Cette liberté rejoint l’expression politique dans la société démocratique.

Mais…

Voici quelques limites à la liberté d’expression :

Le contenu diffamatoire, haineux, violent est prohibé

  • Les vengeances personnelles ne sont pas protégées

Respect de la vie privée

  • Ne pas publier des renseignements personnels concernant les patient-e-s, les collègues ou les dirigeant-e-s.
  • Ne pas publier la photo d’une personne sans son consentement.

Le devoir de loyauté

  • Le contrat de travail contraint la salariée à une certaine retenue.
  • Obligation de bonne foi consistant à favoriser les intérêts de son employeur.
  • Un lien de confiance est nécessaire au maintien du contrat de travail.
  • La salariée doit s’abstenir de porter délibérément préjudice aux intérêts ou à la réputation de son employeur.
  • Selon le cas, il est suggéré de viser le gouvernement plutôt que l’employeur.

Le devoir de confidentialité et le secret professionnel

  • Ne pas avoir un comportement qui va à l’encontre de ce qui est généralement admis dans l’exercice de la profession ou qui est susceptible de dévaloriser l’image de la profession.
  • Chercher à maintenir une relation de confiance des patient-e-s et du public envers vous.
  • Cela dit, dénoncer tout incident ou accident est aussi une obligation déontologique.
  • Lorsqu’un incident ou accident peut avoir des conséquences sur la santé d’un-e patient-e, la salariée doit prendre les moyens nécessaires pour le corriger.

Quelques conseils avant de passer à l’action

Le discours rationnel est davantage protégé que le discours irrationnel

  • S’assurer que les informations sont exactes
  • Faire preuve de jugement et de modération

Dénoncez collectivement plutôt que dénoncer seule.

  • Les représentantes syndicales peuvent dénoncer les conditions de travail chez l’employeur avec plus de liberté qu’une salariée prise isolément.
  • Cela dit, il est préférable, même pour le syndicat, de formuler d’abord ses critiques à l’interne.

Est-ce votre dernier recours?

  • Dénoncer la situation à votre gestionnaire ou à la direction avant tout, ou passez par votre syndicat
  • La critique publique devrait être un dernier recours.

Autres considérations

  • Est-ce que l’intérêt public l’emporte sur votre devoir de loyauté?
  • Les effets négatifs de la dénonciation que vous vous préparez à faire sont-ils acceptables en comparaison des effets du problème que vous voulez dénoncer?