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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Naissance d’une Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics

Montréal, le 17 janvier 2010  –  Une trentaine d’organisations communautaires, étudiantes, syndicales, féministes, populaires, et écologistes ayant des assises dans toutes les régions du Québec ont annoncé aujourd’hui la naissance de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics. Comme le mentionne Marie-Eve Rancourt, porte-parole du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ), « la Coalition luttera pour faire reculer le gouvernement, qui prévoit hausser les tarifs, compresser les dépenses dans les programmes sociaux de même qu’augmenter la TVQ pour combler les déficits accumulés pendant la crise économique ».

Les mesures envisagées par le gouvernement Charest étaient malheureusement prévisibles et s’inscrivent dans une suite logique. Depuis plusieurs années, le gouvernement Charest évoque la précarité des finances publiques pour justifier ses politiques. Conforté dans cette tâche par des économistes de service, le gouvernement libéral allègue que la tarification des services publics est la solution privilégiée pour répondre à l’impasse budgétaire actuelle. Selon Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ, « la prétendue consultation que s’apprête à faire le gouvernement Charest est une véritable mascarade servant à entériner des choix faits depuis longtemps ».

La Coalition s’oppose particulièrement à la hausse des frais et des tarifs résidentiels d’électricité, de services de santé et des services sociaux, de l’éducation, des garderies, des transports collectifs, car la hausse des tarifs constituerait un frein à leur accès. Il va sans dire que les personnes à faible revenu seront plus durement touchées que celles mieux nanties puisque toutes ces mesures ont un caractère largement régressif. « Pour atteindre l’équilibre financier, le Parti libéral envisage également de réduire considérablement l’indexation des budgets pour les programmes gouvernementaux. Si on traduit en espèces sonnantes la volonté de réduire la croissance des dépenses gouvernementales de 4,6 % à 3,2 % par année, le gouvernement s’apprête à couper 9,4 milliards $ dans les services publics au cours des quatre prochaines années. C’est une autre façon de refiler la facture aux citoyennes et aux citoyens du Québec », de déclarer Pierre St-Germain, président la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).

La réduction des dépenses par les coupes dans les services publics et les programmes sociaux, ainsi que leur privatisation, auraient pour effet de renvoyer aux individus et aux familles des responsabilités qui se doivent d’être collectives dans une société juste et égalitaire. « Ce sont les femmes qui risquent d’être les premières pénalisées en raison du poids additionnel qu’elles auraient à assumer auprès des enfants et des personnes handicapées ou aînées devant la perte de services publics », de dénoncer Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ).

Lorsque des mandats gouvernementaux sont assumés par des entreprises privées, on introduit une logique marchande aux services publics et l’État perd en imputabilité, en transparence et expertise, de même qu’en contrôle des pratiques, des orientations et des dépenses. Pensons aux partenariats public-privé (PPP) où, dans le cas du CHUM, par exemple, le vérificateur général du Québec questionne l’efficacité de cette mesure. La Coalition est d’avis que les PPP ne font pas partie de la saine gestion de l’État.

La réduction des impôts pour les mieux nantis, la hausse des tarifs, la restriction de l’accessibilité des services publics et le recours à la privatisation constituent la recette parfaite pour miner la confiance et l’attachement de la population à des services de l’État mis à mal par le désengagement des dirigeantes. Est-ce là une façon pour le gouvernement Charest d’entamer une nouvelle phase de la réingénierie de l’État? La Coalition craint que le recours à la tarification n’introduise une logique qui permettra à la longue d’accélérer la privatisation des mandats devant être assumés par l’État.

Pourtant, la crise des finances publiques peut se résorber autrement. Au lieu d’augmenter les frais et les tarifs, de couper dans les programmes sociaux et de privatiser les services publics, le gouvernement devrait instaurer une fiscalité progressive et faire la lutte à l’évitement et l’évasion fiscaux. « Pourquoi ne pas ajouter au moins un palier d’imposition pour les contribuables à haut revenu? Pourquoi ne pas prévoir un impôt minimal pour les entreprises, dans l’objectif de freiner les pertes de revenu dues à l’évitement fiscal des entreprises? Pourquoi ne pas réduire ou même abolir des exemptions fiscales qui ne profitent qu’aux plus riches? » demande François Saillant, coordonnateur du FRAPRU. La Coalition s’oppose également à une hausse immédiate de la TVQ et songe à une formule de taxation progressive et écologiste en fonction de la nature des biens achetés. Enfin, lutter contre la corruption, notamment dans l’attribution de contrats gouvernementaux, en vue d’assurer une saine gestion des finances publiques pourrait réduire considérablement les dépenses publiques sans affecter négativement les services.

La Coalition entend être active pendant toute l’année 2010 et plus tard si nécessaire. Une campagne de fax destiné au ministre des Finances commence dès aujourd’hui. La Coalition organisera également des actions d’éclat, notamment avec un comité d’accueil au Forum économique et financier des 20 et 21 janvier à Lévis. « Le forum économique ne se passera pas sans contestation. Si le gouvernement persiste à maintenir le cap, il nous trouvera sur son chemin », déclare Christian Pépin, porte-parole de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ). D’autres actions sont prévues, notamment une Journée nationale d’action le 1er avril avec, entre autres, une manifestation à Montréal.