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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Quand on joue avec le feu…

Le printemps étant officiellement terminé depuis quelques semaines, je pense qu’on peut dire sans avoir peur de se tromper que le Québec ne sera plus jamais le même. Ainsi, ce printemps québécois aura agi comme une véritable prise de conscience collective, en accéléré. Comme si l’air doux avait fait fondre l’épaisse couche de glace qui recouvrait nos esprits congelés dans la passivité victimisante, dans le confort des banalités quotidiennes qui nous divertissent pendant qu’on nous dépossède.

Cette prise de conscience collective s’est effectuée à plusieurs niveaux. Nous avons notamment pris conscience que notre relève est articulée, allumée, mobilisée. Nous avons (re)pris conscience du pouvoir de l’action collective. Nous avons pris conscience des dérives d’un gouvernement au seul service d’une élite qui contribue à sa caisse électorale.

Nous avons également pris conscience de la fragilité de la paix sociale et des dangers inhérents à l’instrumentalisation des divisions au sein de la population, à des fins purement partisanes.

Ainsi, le temps semble donner raison au scénario « grotesque » de Jean Charest. Incapable de faire campagne sur son bilan (à ce sujet, voir absolument le site liberaux.net), le premier ministre et le parti Libéral avaient besoin d’une crise afin de faire oublier ses frasques, diviser la population et se présenter en sauveur par la suite. C’est un cas flagrant de Wedge Politics, tel qu’expliqué ici.

Cette stratégie, préconisée entre autres par George Bush et par Stephen Harper, peut effectivement fonctionner, mais elle est très risquée. À force de jeter de pleines chaudières d’huile sur un feu qu’on veut à notre avantage, on risque aussi d’en perdre le contrôle. À force de vouloir se blanchir en salissant et en démonisant les autres, les risques de dérive augmentent.

Dans cette vidéo, nous sommes en mesure d’apprécier le travail de démolition du premier ministre, qui esquive toute question en stigmatisant son adversaire plutôt que d’aborder le fond du débat. Les conséquences de cette stratégie commencent d’ailleurs à se faire sentir sur le terrain. Lors de la fin de semaine du Grand Prix, des dizaines de personnes ont été arrêtées sur la seule base du port du carré rouge. Récemment, des jeunes se sont fait refuser l’entrée à un bar parce qu’elles portaient le carré rouge.

Plusieurs cas semblables sont actuellement documentés. Un des derniers en lice? Deux membres du comité exécutif national de la FIQ se sont faits sortir d’un taxi simplement parce qu’ils portaient un carré rouge.

Personnellement, cela m’inquiète profondément. Qu’aurait-t-on dit si ces personnes s’étaient vues refuser l’accès au bar, au taxi, à l’île Ste-Hélène, en raison de leur origine ethnique ou de leur orientation sexuelle? Est-ce plus acceptable de discriminer en fonction de l’orientation politique?

Cela devrait nous inquiéter tous et toutes. Peu importe la couleur de notre carré, peu importe notre allégeance politique, qu’on soit d’accord ou non avec la hausse des frais de scolarité ou la tarification des services publics, nous devrions minimalement prendre conscience du fait que le premier ministre tente de nous diviser et de masquer les odeurs de corruption par les odeurs de poivre de Cayenne…

Prenez soin de vous cet été, emmagasinez la vitamine D et les heures de sommeil. Parce que très tôt à l’automne, ce sera le temps de récolter les graines semées au printemps…