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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Et si les régimes de retraite collectifs agissaient comme levier économique!

Les retraites figurent parmi les enjeux d’importance de la présente décennie. C’est ainsi que le sujet a été mis à l’ordre du jour des priorités des divers ordres de gouvernements. Les maires en avaient d’ailleurs fait un enjeu électoral l’automne dernier.

Le 12 décembre, la ministre du Travail et de la Solidarité sociale présentait un plan d’action visant à restructurer les régimes de retraite à prestations déterminées des secteurs municipal, universitaire et du secteur privé. Pour ce faire, différentes mesures seront mises en place, parmi celles-ci trois projets de loi sont envisagés. Pressée par les maires, la ministre du Travail pourrait même déposer un premier projet de loi dès la rentrée parlementaire de février 2014.

Par ailleurs, se tenait en Outaouais, les 15 et 16 décembre, une rencontre fédérale/provinciale/territoriale des ministres des Finances, pour y discuter des régimes de retraite. C’est sans surprise que le ministre des Finances du gouvernement Harper a accusé une fin de non-recevoir au consensus des provinces à l’effet de bonifier le Régime de pension du Canada (RPC) et son pendant, le Régime des rentes du Québec (RRQ). Il faisait ainsi écho au Conseil du patronat et à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), notamment, qui avaient rejeté une augmentation de la contribution des employeurs, sous prétexte qu’une hausse des cotisations tuerait l’emploi. On se souviendra que le gouvernement fédéral, lors du budget de 2012, avait annoncé une hausse progressive de l’âge de la retraite, de 65 à 67 ans, pour toucher la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV), le seul régime de retraite universel au Canada.

À l’été 2013, le patronat avait également rejeté l’idée d’une rente longévité, financée à part égale par les employeurs et les employés et payable à partir de 75 ans. Le comité D’Amours l’avait proposée dans son rapport déposé au printemps. Son principal argument était à l’effet que l’augmentation de l’espérance de vie ne devrait pas laisser les personnes âgées dans l’impossibilité de payer pour leurs besoins, notamment pour leurs soins. Le milieu patronal s’y est opposé craignant que les cotisations ne tuent l’emploi. De son côté, la Commission des finances publiques qui a étudié le rapport D’Amours a mis l’idée de côté pour un temps. Cependant, il est bien évident qu’une telle rente constitue un transfert de richesse des groupes sociaux les plus pauvres (sexes confondus), lesquels meurent globalement plus jeunes, vers les plus riches, qui ont aussi la chance de vivre plus vieux.

Entre temps, le gouvernement du Québec a choisi de mettre de l’avant les Régimes volontaires d’épargne retraite (RVER) qui permettront à des milliers de travailleurs et de travailleuses d’épargner pour leur retraite, si ils-elles ne s’en retirent pas évidement. La beauté du projet vient du fait que les employeurs n’auront aucune obligation d’y contribuer. Cette loi fait donc reposer le fardeau de la retraite sur les seules épaules des travailleurs et des travailleuses.

Bonifier les régimes publics de retraite comme le Régime des rentes du Québec (RRQ) ou le Régime des pensions du Canada (RPC) constitue une meilleure option pour assurer une retraite décente que d’opter pour l’épargne personnelle ou de miser sur une rente longévité. Ces dernières options ne font que transférer le fardeau de la retraite sur les épaules des travailleurs et des travailleuses et au final contribuent à enrichir les institutions financières qui gèrent ce genre de programmes. En somme, ce que les tenants de cette option oublient de considérer, c’est que si les retraité-e-s s’appauvrissent au point de ne plus pouvoir contribuer à faire tourner l’économie en consommant, cela aura nécessairement un impact négatif sur le maintien de l’emploi des jeunes générations. Il faut éviter de jouer les générations les unes contre les autres.