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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Carnet de tournée : des milliers de kilomètres, mais surtout des rencontres décisives avec les professionnelles en soins

Carnet de tournée : des milliers de kilomètres, mais surtout des rencontres décisives avec les professionnelles en soins

Depuis quelques semaines, j’ai commencé une tournée du Québec. D’ici la fin du mois de juin, j’aurai visité la presque totalité de ses régions. Je peux vous le dire, le Québec est grand et, par la teneur des rencontres que je fais, cette tournée est une expérience vraiment enrichissante. Il n’y a rien de mieux que d’être sur le terrain pour saisir les réalités de nos professionnelles en soins.

Pour le moment, j’ai visité des centres d’activités dans le Nord-de-l’Île de Montréal, dans les Laurentides, à Québec, en Abitibi-Témiscamingue, en Mauricie et Centre-du-Québec, dans le Bas-Saint-Laurent et au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je vois des infirmières, des infirmières auxiliaires et des inhalothérapeutes bien sûr. Mais je m’entretiens aussi avec des patient-e-s, avec d’autres employé-e-s du réseau de la santé, avec des intervenant-e-s des régions et des élu-e-s. La quantité d’informations qu’on me transmet est impressionnante. Chaque région a ses particularités et ses enjeux spécifiques. Par exemple, les découvertures médicales de soins sont présentes dans les régions dont le territoire est vaste comme l’Abitibi-Témiscamingue, le Bas-Saint-Laurent et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Dans ces régions, comme dans les Laurentides, les professionnelles en soins, et les patient-e-s sont souvent appelé-e-s à parcourir de grandes distances. Dans des situations encore plus précaires, avec des équipes de soins au minimum, ça pose plusieurs défis et ça crée plusieurs problèmes.

Évidemment, partout où je vais, je parle de l’implantation des projets de ratios sécuritaires de professionnelles en soins/patient-e-s. Ceux-ci suscitent beaucoup d’espoir et d’enthousiasme. Ce que j’entends le plus c’est « quand allons-nous en avoir un dans mon installation, dans mon département? ». Les professionnelles en soins sont conscientes que ces ratios sont la meilleure solution pour garantir des soins sécuritaires et de qualité aux patient-e-s et une meilleure stabilité des équipes, améliorer l’attraction et la rétention et mettre à profit l’ensemble de leurs compétences. Elles sont aussi convaincues que les ratios permettront d’enrayer la surcharge de travail et ses effets comme les heures supplémentaires obligatoires, la réduction du recours aux heures supplémentaires ainsi qu’à la main-d’œuvre indépendante.

Les témoignages qui me sont livrés dans le cadre de cette tournée me font trop souvent rager. Ils illustrent avec force les effets des mauvaises décisions, des compressions et de l’austérité, dont les professionnelles en soins et les patient-e-s font les frais. Chaque arrêt de ma tournée me permet de continuer à écrire notre Livre noir de la sécurité des soins. Une infirmière auxiliaire me disait qu’elle a fait trois TSO en une semaine. Une infirmière m’a raconté avoir fait 23 heures consécutives. Une inhalothérapeute a été forcée d’aller travailler en TSO dans une unité qu’elle ne connaissait pas. Un infirmier en CHSLD, seul pour 70 patient-e-s, au bord des larmes.

J’en ai entendu des centaines de ces histoires. Et ce qui ajoute l’insulte à l’injure, c’est que dans plusieurs cas, les employeurs demandent encore plus de concessions à nos membres. On veut créer des postes sans port d’attache, sans notion de quart de travail, certains demandent plus de flexibilité dans les horaires et d’autres refusent de faire le travail pour rehausser le nombre de postes à temps complet. On a beaucoup de gestionnaires dans le déni et qui ne comprennent rien.

Ce n’est pas étonnant que la mobilisation autour des négociations locales prenne de plus en plus d’ampleur partout. Les professionnelles en soins sont en colère et elles ont raison. Tous nos syndicats sont à pied d’œuvre pour négocier de meilleures conditions de travail. Ils ont plusieurs solutions à proposer. Je lance ce message aux gestionnaires des établissements : négociez dans l’intérêt des patient-e-s et des professionnelles en soins. Si vous trouvez que l’hiver a été dur, le vent pourrait se lever à nouveau ce printemps. Parce que nous, nous ne lâcherons pas!