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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Les ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s : permettre une pratique professionnelle en accord avec nos valeurs

Les ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s : permettre une pratique professionnelle en accord avec nos valeurs

2 mai 2019 – D’entrée de jeu, lors du Réseau OTPP des 2 et 3 mai derniers, les militantes ont pris le temps de réfléchir à leur pratique professionnelle, en lien avec les ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s.
Les réformes successives et les pratiques de gestion empruntées à l’industrie ont entraîné une précarisation des emplois et une surcharge de travail, en plus du recours abusif au temps supplémentaire obligatoire (TSO), de l’utilisation endémique de la substitution des titres d’emploi et du non-remplacement des absences. Les impacts négatifs des équipes épuisées et en sous-effectifs sont nombreux : stress, insatisfaction, blessures et accidents du travail plus fréquents. Ces phénomènes ont un impact autant sur la santé et sécurité des professionnelles en soins que sur celles de leurs patient-e-s. L’ensemble de ces facteurs sont à l’origine des problèmes d’attraction et de rétention du personnel du réseau de la santé.

Les professionnelles en soins vivent de la détresse lorsqu’elles prennent conscience de l’écart qui se creuse entre leurs compétences et leurs valeurs professionnelles et les soins qu’elles peuvent réellement dispenser dans ce contexte de travail difficile. Elles sont alors forcées de prioriser, bien malgré elles, certains soins au détriment d’autres soins, que l’on qualifie de « non faits ».

Un sondage québécois a démontré que de nombreux soins ne peuvent être dispensés ou encore, qu’ils sont dispensés partiellement ou trop rapidement à cause de la surcharge de travail. Or, les professionnelles en soins ne devraient pas avoir à faire des choix déchirants dans les soins dispensés. Elles sont ainsi incapables d’occuper leur plein champ de pratique.

Même si les professionnelles en soins ont à coeur de dispenser les meilleurs soins possible, le droit de la population à recevoir des soins sécuritaires est compromis. Grâce aux ratios sécuritaires, soit la présence d’une équipe minimale de professionnelles en soins pour un groupe de patient-e-s ayant des problèmes de santé similaires, les professionnelles en soins pourront enfin bénéficier de conditions d’exercice propices à une pratique professionnelle pleine et enrichissante.

Le projet de ratios sécuritaires est non seulement une revendication syndicale, mais aussi une revendication sociale. Faire connaître les impacts des mauvaises pratiques de gestion à la population est essentiel, dans une optique d’advocacy; c’est-à-dire de défense et de promotion des droits et des intérêts des patient-e-s.

La véritable pénurie que connaît le réseau de la santé est une pénurie de bonnes conditions d’exercice permettant une pratique professionnelle riche et épanouissante. Les ratios sécuritaires ont fait leurs preuves ailleurs dans le monde et ici même au Québec, les projets ratios ont des impacts positifs.
Le Québec doit se doter d’une loi sur les ratios le plus rapidement possible puisqu’il s’agit d’une solution viable pour le système de santé québécois, qui permettra de sauver des vies, d’accélérer la guérison et de respecter la dignité des patient-e-s.

Une implantation graduelle et soigneusement planifiée des ratios partout dans la province permettra de retenir les professionnelles en soins dans le réseau, de les garder en santé, d’attirer de nouvelles recrues, de rehausser la qualité des soins, de regagner la confiance
de la population, et, enfin, de dénouer l’impasse dans laquelle se trouve le réseau public de santé.