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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Le RREGOP, la retraite et les professionnelles en soins

Le RREGOP, la retraite et les professionnelles en soins

Considéré comme un régime de retraite avantageux sur le marché du travail, le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) est basé sur un pourcentage du salaire gagné durant sa vie professionnelle. Il s’agit d’un régime à prestations déterminées, par opposition aux régimes à cotisations déterminées.

Avec le RREGOP, les employé-e-s reçoivent 2 % par année de service et ce pourcentage est appliqué sur le salaire admissible moyen des 5 meilleures années. Quant au régime à cotisations déterminées, lorsque la caisse est vide, le régime de retraite prend fin. Et comme les femmes vivent plus longtemps que les hommes, elles sont inévitablement désavantagées avec ce genre de régime.

Malgré la Loi sur l’équité salariale de 1996, il y a toujours un écart substantiel entre le revenu des femmes et celui des hommes, ce qui se reflète sur le RREGOP et les pensions auxquelles les femmes ont droit à leur retraite. L’indépendance économique des femmes demeure encore une préoccupation en 2022. Les choix faits par les femmes, dans une société patriarcale, ont un impact important sur leurs revenus à la retraite.

Nous vivons dans une société qui, encore aujourd’hui, attribue aux femmes la vocation des soins ou le care. Par conséquent, ce sont elles qui cherchent à répondre aux besoins de leurs enfants et de la famille élargie. Ce sont elles qui privilégient souvent le bien-être de leur famille avant de se préoccuper du leur. Du coup, les choix qu’elles font pendant leur vie professionnelle favorisent la famille. Par exemple, certaines choisissent de travailler à temps partiel pour avoir plus de temps à consacrer à leur famille, ou refusent des promotions pour ne pas avoir à assumer plus de responsabilités au travail.

Les professionnelles en soins, quant à elles, vivent des situations bien particulières. En début de carrière, elles doivent souvent travailler sur des quarts de travail atypiques (de soir et de nuit, de rotation, les fins de semaine). Certaines choisissent alors des postes à temps partiel pour respirer un peu ou pour concilier la famille, le travail et les études. À cette réalité, il faut également ajouter le temps supplémentaire ou le temps supplémentaire obligatoire qui sont omniprésents dans le réseau de la santé.

Prenons l’exemple de Marielle, une infirmière consciencieuse, qui prenait soin avec diligence et respect de ses patient-e-s et qui, par souci pour eux et ses collègues, répondait souvent « présente » pour le temps supplémentaire lorsqu’il manquait de personnel. Elle répétait à ses collègues : « Vous savez, notre salaire est inférieur à celui du marché, mais notre RREGOP est là et cela fera une différence à la retraite! » Lorsqu’arriva le moment pour ses collègues de souligner avec elle ses 35 ans de service aux fins d’admissibilité (Sa retraite, enfin!), elle souffla à l’oreille de l’une d’elles : « Tu sais, je t’ai souvent dit de ne pas t’inquiéter à propos de ta retraite. J’avais tort, car j’ai fait faire mes calculs et mon salaire moyen est finalement de 76 000 $. Dès demain, à mon premier jour de retraite, j’aurai seulement droit à 33 000 $ par an. Apparemment, je n’ai accumulé que 22 ans de service, car j’étais à temps partiel. Je ne recevrai donc que 44 % de mon salaire admissible moyen. Comment vais-je faire pour y arriver? »

Malgré les revendications syndicales, le calcul prévu pour déterminer les prestations du RREGOP se limite aux heures régulières de travail, excluant ainsi les heures supplémentaires et les primes. De plus, la rente RREGOP n’est que partiellement indexée, car l’indexation se fait en fonction du « taux d’augmentation de l’indice des rentes » (TAIR) et non selon l’augmentation du coût de la vie.

En ce moment, la pénurie de main-d’œuvre en santé est criante. Plutôt que d’améliorer les conditions de travail, le gouvernement choisit l’argent comme mesure d’attraction et de rétention. Il met en place des primes pour le retour à l’emploi des retraité-e-s et des montants forfaitaires pour le maintien en emploi à temps complet. Ces incitatifs financiers ne seront malheureusement pas pris en considération par le RREGOP.

Selon Maude Pugliese, de l’Institut national de la recherche scientifique, un homme accumule en moyenne plus d’actifs qu’une femme durant sa carrière, soit 287 308 $ en comparaison à 152 408 $. L’homme possèdera alors une valeur nette de 174 125 $, tandis que celle de la femme sera de 64 593 $. En touchant un meilleur salaire, l’homme peut effectuer plus de placements que la femme en vue de la retraite. En tant que professionnelles en soins, il est donc important de bien mesurer les impacts de détenir un poste à temps partiel comparativement à un poste à temps complet, ainsi que les impacts des primes et des heures supplémentaires sur les perspectives de retraite.

Dès le début de notre carrière, nous devons nous projeter vers l’avenir. En ce sens, nous vous suggérons de consulter un planificateur financier afin d’élaborer un plan de retraite. Cette consultation vous permettra d’évaluer toutes les possibilités en vue d’une retraite bien méritée, que vous soyez à temps partiel ou à temps complet. Pour avoir une meilleure idée des choix qui s’offrent à vous, vous pouvez aussi suivre la formation, élaborée par la FIQ, par l’entremise de votre syndicat local, ou vous référer à la brochure produite par la Fédération. Vous pouvez également obtenir une estimation du montant de votre rente de retraite sur le site de Retraite Québec ou consulter votre relevé de participation dans Mon dossier.

La retraite se prépare dès le premier jour de travail.

Line Mercier et Caroline Flageol, comité Condition féminine