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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Et si le rêve devenait réalité

Et si le rêve devenait réalité

Il était une fois, une femme qui osa rêver de ce que pourrait être sa vie si les gens détenant le pouvoir de changer les choses le faisaient réellement. Et, s’ils le faisaient pour les bonnes raisons plutôt que d’adopter une attitude paternaliste.

Depuis trois ans, nous pouvons toutes faire le constat suivant : le fonctionnement et les priorités de notre société actuelle ne nous font plus avancer. C’est plutôt un recul qu’on observe au regard des batailles gagnées, dans les dernières décennies, pour les femmes et les hommes.

Les systèmes d’oppression que sont entre autres le sexisme, le racisme et l’homophobie ont été dévoilés au grand jour et sont maintenant ouvertement discutés. L’invisible est devenu manifeste.

Au cours des trois dernières années, certains ont jugé opportun de décider des priorités à notre place, sans nous consulter.

Et si… Mon droit à la santé et à la sécurité était respecté.

En tant que professionnelle en soins, j’aurais tout l’équipement de protection nécessaire, un ratio sécuritaire de patient-e-s afin de diminuer ma charge de travail excessive et une conciliation travail-famille-étude-vie personnelle qui permettrait de diminuer mon stress, car mon gouvernement aurait investi dans le réseau public afin que la population soit en bonne santé mentale et physique.

Je pourrais sereinement rentrer chez moi, sans craindre pour ma famille ou moi, car mon gouvernement aurait investi dans les programmes sociaux et offrirait notamment du soutien pour contrer la violence conjugale. Je pourrais ainsi développer mon plein potentiel et être proactive pour l’économie.

Et si… Mon droit aux services publics était respecté.

En investissant dans les services publics, le gouvernement me permettrait de retourner au travail, car j’aurais accès à une garderie pour mes enfants. Je pourrais contribuer à l’économie, car j’aurais un bon salaire, de bonnes conditions de travail et un foyer sécuritaire. En ayant beaucoup investi dans ses maisons d’enseignement, ma société serait éduquée équitablement et, ainsi, mieux informée sur son histoire et sur les patterns à ne pas répéter.

Tout d’abord, on ne reproduirait pas ce que la société patriarcale tente d’imposer quant aux rôles des femmes et des filles : des rôles traditionnellement associés à la soumission et aux soins des autres, quitte à mettre de côté son propre bien-être. Par exemple, à l’heure actuelle, les femmes qui souhaitent s’affranchir de ces rôles et revendiquent un meilleur salaire, l’accès au pouvoir ou simplement la reconnaissance de leur contribution à la société, font face à un ressac masculiniste dans les médias et réseaux sociaux. La haine qu’elles s’attirent peut alors les suivre partout, même là où elles devraient être le plus en sécurité, leur foyer, qui est pourtant l’endroit où se produisent le plus de féminicides.

Il en va de même pour la charge mentale, un concept qui doit être enseigné par notre société afin de rééquilibrer les choses. En effet, les femmes portent principalement sur leurs épaules la gestion familiale quotidienne. La pandémie est venue alourdir encore davantage cette charge, en plus d’accentuer la détresse psychologique des femmes. Selon Statistique Canada, depuis mars 2020, plus de femmes que d’hommes disent éprouver souvent ou très souvent de la nervosité ou de l’anxiété (54 % chez les femmes contre 39 % chez les hommes), de la tristesse (52 % contre 37 %), de l’irritabilité (43 % contre 34 %) et des difficultés à dormir (41 % contre 30 %).

Enfin, Québec doit voir l’argent qu’il injecte dans les services publics comme étant un investissement et non une dépense. Plus la population est éduquée, informée, épanouie et en bonne santé financière, physique et mentale, plus elle fera rouler l’économie.

Avec tous ces espoirs, pour la femme qui osa rêver, le réveil fut brutal…

 

Amélie Barrette, pour le comité Condition féminine