Comité SST

Attention ça pique… Ça peut changer une vie!

Au volant de mon véhicule, je commence la tournée de mes patients. Glycémie et insuline à 8 h 30sur la dixième avenue. Il fait beau et chaud. J’aurais bien fait autre chose aujourd’hui. Qu’à cela netienne, je suis contente d’être une infirmière aux soins à domicile et de profiter un peu du soleil et desa vitamine D.

La glycémie de monsieur X est élevée, je dois lui administrer de l’insuline. Préparation, injection,puis en me relevant pour jeter l’aiguille souillée dans le récipient à cet effet, je perds soudainementl’équilibre et je me pique! Ah! Non, je saigne! Sainte Bénite, je me suis piquée! OK, pas de panique…Je me lave les mains et je fais saigner, il me semble que c’est ça que l’on m’a enseigné. Je sourisau patient et lui dis que je viens accidentellement de me piquer, qu’une procédure doit alors êtreappliquée et qu’une personne devrait communiquer sous peu avec lui.

Sitôt à l’extérieur du domicile, je communique avec mon chef de service afin qu’il m’informe dela procédure exacte à suivre. Au lieu de m’aviser du protocole postexposition et des délais deconsultation devant être respectés, il s’enquiert du nombre de patient-e-s me restant à visiter etm’annonce qu’il n’a personne pour me remplacer. Il m’enjoint donc de terminer la tournée demes cinq autres patients, ensuite de retourner au CLSC. Entretemps, il se charge de préparer lesdocuments pour ma consultation postexposition.

Finalement, ce n’est que quatre heures plus tard que j’ai pu consulter les responsables duprogramme postexposition, après avoir été tenue de faire au préalable le prélèvement sanguinauprès du patient impliqué dans cette mésaventure…

Bien que tardive, cette consultation postexposition m’a fait réaliser à quel point je l’ai échappébelle. De fait, étant donné qu’un risque de transmission virale doit toujours être suspecté dans detelles circonstances, j’aurais dû consulter dans les deux heures qui suivent l’exposition accidentelleafin d’être évaluée et de recevoir le plus rapidement possible le traitement requis dont les effetsprophylactiques diminuent dramatiquement d’heure en heure.

Par surcroit, bien que je sois une représentante syndicale, je n’ai pas réagi, malgré les signaux depanique intérieurs.

Comme professionnelle en soins, j’aurais dû connaitre le protocole applicable. Si je l’avais connu,j’aurais insisté auprès de mon employeur pour ne pas terminer ma tournée. De plus, je n’auraispas dû, pour des raisons éthiques et légales, retourner au domicile du patient pour effectuer leprélèvement sanguin et remplir les formulaires. Quant à mon chef de service, il a manifestementmanqué à son obligation de prendre les mesures nécessaires pour protéger ma santé.

La seule chose que j’ai bien faite, c’est de m’être présentée pour la consultation postexposition, car,selon l’infirmière responsable de l’application de ce programme, plusieurs ne s’y rendent mêmepas… Trop de tracas!

J’ai voulu partager avec vous cet évènement accidentel qui m’a fait non seulement pleurer, maiségalement réfléchir. Durant la période où j’ai dû patienter pour les résultats, j’ai vécu de l’inquiétudeet pris conscience que ma santé, voire même ma vie, peut être grandement compromise par montravail. Les décisions prises par mon chef de service et mes propres actions auraient pu avoir desconséquences désastreuses pour moi et ma famille.

Faites en sorte qu’un tel évènement ne vous arrive jamais et prenez connaissance dès maintenant duprotocole postexposition. Ça peut changer une vie!

SST au courant?

Vous pouvez aussi consulter la publication de la FIQ Piquer sang danger accessible sur sonsite Web à l’adresse suivante :
http://www.fiqsante.qc.ca/publicfiles/documents/sst94_f.pdf

Pour plus d’information, vous pouvez consulter le Guide pour la prophylaxie postexposition(PPE) à des liquides biologiques dans le contexte du travail publié en octobre 2011 par leministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, accessible à l’adresse suivante :
http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2011/11-333-02W.pdf

Tout incident ou accident, si mineur soit-il, survenant au travail doit être déclaré àl’employeur étant donné que des conséquences inconnues au moment de l’évènementpeuvent en résulter ultérieurement et nécessiter le dépôt d’une réclamation à la CSST.

Toute professionnelle en soins a le devoir, en tant que travailleuse, de prendre connaissancedu programme de prévention qui lui est applicable chez son employeur et des diversprotocoles visant à protéger sa santé et à assurer sa sécurité dans son milieu de travail.

Les transmissions de virus hématogènes tels que le VIH, le VHC et le VHB en milieu de soinssont en grande partie évitables par l’application des précautions universelles et des mesuresde prophylaxie postexposition (PPE) appropriées.

Le premier cas documenté de transmission du VIH à une professionnelle en soins est survenuen Afrique en 1984 alors qu’une infirmière s’était piquée avec une aiguille hypodermiqueutilisée pour retirer du sang d’une ligne artérielle.