Comité SST

Les rayons X sont invisibles, voyons-y!

Que ce soit en salle d’opération, en salle de scanner, à l’urgence ou ailleurs dans l’établissement, qu’il s’agisse d’une fluoroscopie, d’une angiographie, d’une CPRE – cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique ou d’un autre type d’examen radiologique, les professionnelles en soins risquent d’être exposées à des radiations ionisantes, telles que les rayons X, dans l’exercice de leurs fonctions. Puisque les radiations sont fortement énergétiques et capables d’ioniser les matériaux lors de leur passage, elles peuvent endommager les cellules, en particulier l’ADN, dans la matière vivante. Qui plus est, les rayons X peuvent avoir des effets biologiques nocifs comme le cancer ou la leucémie.

Dans le but d’assurer la sécurité des professionnelles en soins, chaque employeur a l’obligation de se conformer aux normes émises par le ministère fédéral de la santé, division de la protection contre les radiations. Le Bureau de la radioprotection de Santé Canada, dont le mandat est de protéger la santé des Canadien-ne-s et d’évaluer les risques associés à l’exposition aux rayonnements dans les milieux de travail, est responsable de gérer le Fichier dosimétrique national (FDN), un registre centralisé des doses de radioactivité mesurées par les dosimètres devant être portés par les travailleur-euse-s exposé-e-s à de tels rayonnements. Dans chaque milieu de travail où des éléments radioactifs sont utilisés, l’employeur doit respecter et appliquer les normes et les protocoles en vigueur, tant au Canada qu’au Québec.

Au nombre des mesures préventives figure la distance. S’éloigner le plus possible de la source de rayonnement est effectivement la meilleure des radioprotections. Si cela s’avère impossible, il est primordial de minimiser le temps d’exposition. De plus, le port d’un tablier de plomb constitue une radioprotection individuelle obligatoire, à la portée de chaque professionnelle en soins. Conformément aux normes, le tablier de plomb doit avoir une épaisseur minimale de 0,5 mm. Plus il est épais, plus il est efficace, bien qu’il faille cependant tenir compte de l’inconfort lié au poids de cette protection. Comme il est reconnu que la thyroïde est extrêmement sensible aux radiations, notamment pour les personnes de moins de 25 ans, il est également indispensable de porter un protège thyroïde. Quant aux écrans mobiles ou paravents plombés disponibles sur le marché, ils peuvent servir de compléments de protection, mais pas de substituts aux tabliers de plomb.

En ce qui concerne l’angiographie – un examen qui utilise les rayons X et un produit de contraste à base d’iode –, la durée et l’intensité des rayons nécessitent, de manière systématique, le port de lunettes protectrices plombées afin de protéger le cristallin et d’éviter l’apparition précoce de cataractes. De plus, le port d’un dosimètre est nécessaire, puisque l’accumulation des radiations est nocive pour la santé. Ainsi, le dosimètre permet d’effectuer un comptage rigoureux de la quantité de radiations reçues par la professionnelle en soins et de mieux contrôler la limite d’exposition sécuritaire.

L’employeur doit d’ailleurs s’assurer que toute professionnelle, exposée à des radiations en raison de son travail, porte un dosimètre. Si la dosimétrie personnelle révèle la réception de doses excessives, imputables à une défectuosité ou au vice de fonctionnement d’une installation radiologique, l’employeur doit sans délai y apporter les mesures correctives nécessaires.

Bien que l’optimisation des pratiques opérationnelles, le contrôle de la qualité des installations radiologiques et le recours à du matériel efficace de radioprotection fassent en sorte que les doses élevées de radiation sont loin d’être une fatalité, la vigilance est toujours de mise. La professionnelle en soins ne doit jamais minimiser les risques liés à son exposition aux rayons X.

En tant que professionnelles en soins, demeurons rigoureuses et sans compromis. Bref, voyons-y!

SST au courant?

Les employeurs peuvent fournir des renseignements supplémentaires sur le sujet, tout comme le Comité paritaire en santé et en sécurité de l’établissement de santé ou l’équipe syndicale locale le cas échéant.

Selon Santé Canada, les dossiers de dosimétrie doivent être conservés sur place pendant au moins cinq ans après qu’un-e utilisateur-trice ait terminé de travailler avec le matériel.

L’employeur doit remettre à la professionnelle en soins exposée à des radiations une copie du rapport fédéral sur sa dosimétrie personnelle.

Si la dosimétrie personnelle révèle que la professionnelle en soins a reçu des doses excessives, l’employeur doit lui accorder un congé, lequel n’affecte en rien son congé annuel ni sa banque de congés de maladie. Pendant ce temps, elle reçoit une rémunération équivalente à celle qu’elle recevrait si elle était au travail.

Toute anomalie sanguine imputable à des radiations, décelée chez une professionnelle en soins, devra être investiguée sans délai par un hématologiste ou médecin expert en la matière afin d’en découvrir la cause.

Toute professionnelle en soins exposée à des radiations en raison de son travail subit, durant ses heures de travail et sans frais, une radiographie pulmonaire annuelle ainsi qu’une analyse de sang (formule sanguine complète) tous les trois mois et lors d’une exposition excessive à des radiations, sauf si cela est déconseillé par son médecin traitant.

L’employeur est responsable de mettre sur pied un programme d’entretien du matériel de radioprotection. Selon Santé Canada, ce matériel doit être vérifié annuellement de façon à garantir les meilleures conditions de sécurité. Les résultats de cette vérification doivent être inclus dans les rapports de contrôle de qualité. Quant au matériel défectueux, il doit être banni de toute utilisation clinique.

La professionnelle en soins enceinte ou qui allaite ne doit en aucun cas être exposée à des radiations.