Comité SST

Infections nosocomiales : les professionnelles en soins sont-elles prêtes à y faire face?

Les professionnelles en soins sont exposées quotidiennement, ou presque, à une grande quantité de germes. Que ce soit en prodiguant directement des soins, ou simplement en étant en contact avec des personnes porteuses lors d’interventions diverses, elles sont confrontées à des risques infectieux aussi nombreux que variés. Influenza, gastro-entérite, C. difficile, VIH et maladie à virus Ebola n’en sont que quelques exemples. La question se pose donc : sont-elles prêtes à faire face aux infections nosocomiales? Sont-elles adéquatement outillées pour bien jouer leur rôle, tout en protégeant au maximum leur santé et leur sécurité?

Tout d’abord, connaître les particularités des virus est toujours utile. Caractéristiques cliniques, période d’incubation et de contagiosité, durée de survie et modes de transmission possibles constituent autant d’informations pertinentes à posséder. De plus, pour agir de façon appropriée devant la « bibitte » et se protéger correctement, il est primordial que les professionnelles en soins soient bien informées des pratiques de protection de base, de même que des précautions additionnelles recommandées, le cas échéant. À cet effet, rappelons que l’Abrégé de prévention des infections, produit par la FIQ, s’avère un outil des plus pratiques!

Il faut aussi savoir que la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) oblige l’employeur à prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleur-euse-s. Cela est vrai en toutes circonstances, mais prend une importance particulière lorsqu’il est question de protection contre les infections. Prenons, par exemple, la maladie à virus Ebola. Dans ce cas, l’employeur doit informer ses employé-e-s au fur et à mesure que les protocoles sont établis et mis à jour. Ces protocoles permettent à tou-te-s, mais particulièrement aux professionnelles en soins qui sont au cœur des interventions, d’être au fait des mesures recommandées. Ils précisent ce qui doit être fait quant à l’identification et la prise en charge d’un-e patient-e suspect-e ou confirmé-e, son hébergement et son déplacement, l’assignation du personnel, le contrôle des visiteurs, la gestion des déchets, la désinfection de l’environnement, etc. Ces informations sont fondamentales et ne doivent en aucun temps être banalisées ou occultées.

L’employeur doit également mettre en place les programmes de formation nécessaires et adaptés pour le personnel à risque d’être exposé. Cette formation doit être suffisamment élaborée pour que les travailleur-euse-s soient relativement à l’aise d’exécuter la tâche, tout en apprenant à bien protéger leur santé et leur sécurité. La formation devrait prendre une forme théorique, mais également pratique, afin de permettre à tou-te-s de développer les habiletés techniques requises et de s’entraîner. Enfin, l’employeur a l’obligation de rendre disponibles gratuitement l’équipement de protection individuelle adéquat et recommandé pour le virus (pensons, par exemple, au masque N95 dans le cas de la maladie à virus Ebola), de même que le matériel nécessaire pour dispenser des soins sécuritaires tant pour les professionnelles que pour les patient-e-s.

Bien sûr, la LSST prévoit que les travailleur-euse-s doivent eux-elles aussi prendre les mesures nécessaires pour protéger leur santé, leur sécurité et leur intégrité physique. Ils-elles ont notamment la responsabilité de se tenir informé-e-s, de participer aux formations et de faire en sorte de minimiser les risques de contracter l’une ou l’autre des maladies infectieuses qui les entourent. Ils-elles doivent également participer à l’identification et à l’élimination des risques sur leur lieu de travail et veiller à ne pas mettre en danger la santé et la sécurité des autres personnes.

Les bénéfices associés à la préparation visant à contrer les infections nosocomiales sont évidemment individuels, mais aussi collectifs. Si chaque professionnelle en soins doit être vigilante et prudente pour elle-même, c’est la solidarité de toute l’équipe de soins et de tout le personnel qui permettra de contrôler les risques auxquels tou-te-s sont exposé-e-s, et ainsi de contrer le mieux possible les agents pathogènes présents, ou pouvant être présents, dans l’environnement de travail.

Si vous n’avez pas obtenu l’information et la formation appropriée pour faire face à une infection, ou que le matériel nécessaire à votre sécurité n’est pas adéquat et disponible, il est grand temps d’interpeller votre employeur. Si ce dernier ne répond pas à vos attentes, ou que sa réponse vous apparaît insatisfaisante, n’hésitez pas à consulter votre équipe syndicale locale. Celle-ci pourra vous aider à identifier des moyens pour remédier à la situation.

L’objectif demeure de soigner de façon responsable, pour soi-même, pour l’équipe et pour le-la patient-e. Il est impératif de se préparer et d’agir adéquatement, sans craindre les risques et sans compromettre sa santé et sa sécurité.

SST au courant?

Vous pouvez vous procurer un exemplaire de l’Abrégé de prévention des infections, produit par la FIQ, auprès de votre équipe syndicale locale.

Le Comité paritaire en santé et sécurité du travail de votre établissement peut vous dresser le portrait du degré de préparation de votre employeur pour faire face aux risques infectieux.

La formation, sur l’une ou l’autre des infections, devrait d’abord s’adresser au personnel le plus susceptible d’avoir les premiers contacts avec des patient-e-s suspect-e-s ou infecté-e-s.

Si vous contractez une infection dans le cadre de votre travail, vous devez consulter un médecin le plus rapidement possible et informer immédiatement votre employeur. Pour connaître les diverses étapes du processus de réclamation, veuillez contacter votre équipe syndicale locale.