Comité SST

Le poids du monde

Quel fardeau que d’avoir l’impression de porter sur ses épaules le poids du monde! Celui des personnes âgées de moins en moins autonomes, mais à qui on ne peut pas toujours dispenser tous les soins que l’on voudrait, peu importe leur milieu de vie. Celui des entreprises privées de placement en soins que l’on voudrait éliminer, mais avec lesquelles on doit composer malgré les conséquences que leur recours entraine. Celui des mesures du gouvernement qui démontrent qu’il s’attend à ce que les professionnelles en soins en fassent toujours plus avec moins.

Il est vrai que le réseau de la santé accapare une immense part des dépenses publiques. Et il est malheureusement vrai que le gouvernement actuel fait le choix de prioriser l’atteinte de l’équilibre budgétaire et que, pour y arriver, il freine comme jamais les dépenses en santé. Par contre, il est aussi vrai que les professionnelles en soins ont toujours fourni les efforts nécessaires pour que les patient-e-s qu’elles soignent ressentent le moins possible les effets du couperet, et que malgré cela, on leur demande d’en faire encore plus!

Est-ce aux professionnelles en soins de subir les contrecoups de l’idéologie défendue par les décideurs? Est-ce à elles de compenser les lacunes du réseau qu’on s’évertue à rationaliser et à sous-financer? Jour après jour, les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes travaillent d’arrache-pied afin que la qualité et la sécurité des soins qu’elles dispensent demeurent, malgré tout, optimales. Toutefois, compte tenu de tout ce qu’on leur impose et leur fait subir en termes de restructurations, de surcharge de travail, de gestion des ressources à courte vue et bien d’autres, il est de plus en plus difficile d’y arriver. Les conséquences peuvent être nombreuses : instauration d’un climat d’insécurité et de frustration, augmentation des risques d’erreurs, de blessures et d’accidents, détresse psychologique, épuisement professionnel, etc.

Néanmoins, il n’est pas trop tard pour s’assoir et discuter. Pour trouver et mettre en place des solutions qui permettront aux professionnelles en soins de continuer à soigner sans compromettre leur propre santé. Cela ne sera toutefois possible que si, d’un commun accord, toutes et tous travaillent dans un même but, celui d’offrir des soins et des services de qualité, dans un environnement sécuritaire.

La négociation actuellement en cours est une occasion rêvée pour améliorer le réseau public de santé, en agissant sur les conditions de travail des professionnelles en soins. Les bénéfices pourraient être nombreux, notamment en ce qui a trait à la diminution des risques liés à la santé et à la sécurité du travail des membres de la FIQ et, en fin de compte, à l’allègement du poids qui pèse actuellement sur leurs épaules.

SST au courant?

La FIQ travaille présentement sur un projet visant à établir des ratios de patient-e-s par professionnelles en soins qui permettront d’offrir des soins de meilleure qualité et plus sécuritaires.

Depuis quelques années, de tels ratios sont établis en Californie et en Australie. On peut ainsi constater une meilleure rétention du personnel, une réduction du nombre d’incidents et d’accidents et une diminution des frais dans le réseau de la santé.