Comité SST

Manque de sommeil et facultés affaiblies, du pareil au même?

Manque de sommeil et facultés affaiblies, du pareil au même?

Habituellement, les termes « facultés affaiblies » sont employés lorsqu’ils réfèrent à la conduite automobile. Au cours des dernières années, de nouvelles études ont cependant démontré que la notion de facultés affaiblies pouvait trouver application en d’autres circonstances.

Vous est-il déjà arrivé, après une nuit sans sommeil, de travailler 16 heures d’affilée, portant ainsi à plus de 24 heures votre état d’éveil? Et bien, sachez qu’une personne privée de sommeil de 24 à 25 heures aura des facultés comparables à celles d’une personne dont le taux d’alcoolémie est de 0,10. En effet, selon les études réalisées par Worksafe BC, 17 heures sans sommeil équivalent à un taux d’alcoolémie de 0,05 et 21 heures sans sommeil à 0,08.

Par ailleurs, selon le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST), des études sur la fatigue au travail rapporteraient notamment les effets suivants :

  • une baisse de la capacité à gérer le stress au travail
  • une augmentation des taux d’accident
  • une diminution du niveau d’attention et de vigilance
  • une diminution du délai de réaction (tant physique que mentale)
  • une incapacité à rester éveillé-e (par exemple, s’endormir en manipulant un appareil ou en conduisant)

Force est de constater que les effets reliés à la fatigue augmentent considérablement le risque de lésions, tant physiques que psychologiques. En effet, lorsque la fatigue envahit une personne, cette dernière est beaucoup moins bien équipée pour faire face aux diverses situations auxquelles le travail peut la confronter.

Dans le réseau de la santé, les conditions de travail difficiles exposent davantage les professionnelles en soins aux risques d’accidents et de blessures : ratios professionnelle en soins/patient-e-s inadéquats, irrégularité des horaires de travail, heures supplémentaires obligatoires, etc. Par conséquent, afin de diminuer les risques pouvant découler d’un état de fatigue intense, elles doivent être en mesure d’en identifier les facteurs, qu’ils soient reliés au travail ou non, afin de prendre les moyens pour corriger la situation. En effet, outre les facteurs reliés au travail tels que les longues heures de travail, les pauses trop courtes et le stress, la fatigue peut être causée par un trouble du sommeil comme l’insomnie, l’apnée du sommeil, la narcolepsie ou le syndrome des jambes sans repos. La qualité du sommeil peut également être altérée par la prise de diverses substances comme la caféine, l’alcool et certains médicaments.

Le code de déontologie de chacune des professionnelles en soins est très clair : une professionnelle en soins ne peut exercer sa profession lorsqu’elle est dans un état susceptible de compromettre la qualité des soins et des services. À cet égard, bien qu’on réfère le plus souvent à la prise de drogues, d’alcool et de narcotiques, la fatigue provoquée par le manque de sommeil est tout autant susceptible de compromettre les soins prodigués.

La professionnelle en soins peut refuser d’effectuer des heures supplémentaires si elle juge que son état est susceptible d’une part, de compromettre la qualité des soins et d’autre part, de l’exposer elle-même à un danger pour sa santé et sa sécurité. Elle peut d’ailleurs consulter son équipe syndicale locale qui est là pour la soutenir et l’accompagner dans ses démarches.

Bien entendu, il n’y a rien de mieux que d’aller travailler avec les idées claires, après avoir bien dormi, mais lorsque ça s’avère impossible, il est important de connaître ses limites!

SST au courant?

Le Formulaire de soins sécuritaires, disponible sur le site Web de la FIQ, permet aux professionnelles en soins de signifier les situations où leurs conditions d’exercice ne leur permettent pas d’offrir des soins de qualité, sécuritaires et humains.

Plusieurs médicaments sous ordonnance, et même en vente libre, peuvent causer de la somnolence. Avant de les utiliser, il est conseillé aux professionnelle en soins d’effectuer les vérifications nécessaires auprès du-de la pharmacien-ne.

Se coucher l’estomac vide ou immédiatement après un repas copieux peut perturber le sommeil. Prendre un goûter léger, avant d’aller au lit, aide à trouver un sommeil réparateur. Voici quelques exemples de collations faibles en gras, à privilégier avant d’aller au lit :

  • céréales avec du lait
  • fruits frais et yogourt
  • gruau avec des raisins
  • biscuits digestifs avec du lait
  • tranche de pain grillée avec une petite banane
  • bagel multigrains, grillé et légèrement beurré