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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

Légalisation du cannabis à des fins récréatives : qu’en pensez-vous ?

Dans le cadre des consultations entourant la légalisation du cannabis à des fins récréatives, la FIQ souhaite entendre ses membres par rapport à cet enjeu. Ainsi, nous avons identifié trois risques de dérapage sur lesquels nous voudrions connaître l’opinion des professionnelles en soins :

  1. Risques si tous les intervenants n’ont pas une compréhension commune des objectifs et des moyens pour les atteindre
  2. Risques si des investissements importants en santé publique ne sont pas effectués au cours de la prochaine année
  3. Risques si la commercialisation du cannabis est contrôlée par les intérêts des entreprises privées

 Nous souhaitons connaître votre opinion sur le sujet. Exprimez-vous sur notre page Facebook.


1- Un dérapage est à prévoir si tous les intervenants n’ont pas une compréhension commune des objectifs et des moyens pour les atteindre

Comme le cannabis n’est pas une substance banale, sa légalisation à des fins récréatives soulève plusieurs enjeux tant au niveau de la santé et de l’éducation que de la sécurité civile. Les experts s’entendent pour dire que l’approche, dans laquelle s’inscrit la légalisation, par réduction des méfaits, permet des avancées dans la lutte aux problèmes liés à la consommation de substances psychoactives. Par exemple :

  • le fait que le cannabis soit une substance prohibée, privant d’un contrôle sur la qualité du produit;
  • le marché noir engendre son lot de violence entre groupes rivaux pour accaparer des parts de marché;
  • la criminalisation de la consommation rend difficile l’accès aux interventions de santé et de services sociaux pour les personnes concernées;
  • la judiciarisation engendre indéniablement des coûts importants aux dépens du financement d’activités en prévention de la consommation.

L’atteinte des objectifs derrière la légalisation des produits du cannabis à des fins récréatives ne demande pas seulement d’informer et de sensibiliser, mais surtout d’adopter des mesures permettant le développement d’un environnement favorable à la santé. Pour minimiser les méfaits, il faut développer simultanément des mesures d’encadrement visant :

  • l’environnement physique, par exemple en limitant l’accès aux produits du cannabis près des écoles;
  • l’environnement socioculturel, par exemple en étudiant les raisons pour lesquelles certains considèrent les produits du cannabis comme étant naturels et donc, sans danger;
  • l’environnement politique, par exemple en mettant à jour une politique concernant l’usage des drogues sur les lieux de travail;
  • l’environnement économique, par exemple en instaurant une taxe sur les produits du cannabis.

Un consensus chez tous les intervenants existe entourant la nécessité de protéger avant tous les jeunes en retardant l’âge de l’initiation à la consommation du cannabis.

Questionnements

  1. Est-ce que vous vous sentez bien outillées pour répondre aux besoins des utilisateurs, de leurs proches ou des intervenants des autres secteurs (p. ex. : éducation, sécurité publique, etc.)?
  2. Quelles sphères de votre pratique professionnelle seront affectées par la légalisation du cannabis à des fins récréatives?

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2- Un dérapage est à prévoir si des investissements importants en santé publique ne sont pas effectués au cours de la prochaine année

Le déploiement d’un portefeuille de mesures cohérentes avec la vision des environnements favorables à la santé demande, dès maintenant, des ressources disponibles et mobilisées sur le terrain dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la sécurité publique. Un investissement financier important est donc à prévoir au cours de l’année précédant la légalisation du cannabis à des fins récréatives.
Une éventuelle taxe sur les produits du cannabis ne peut être la seule source de revenus, car :

  • des investissements sont nécessaires bien avant l’entrée en vigueur de la législation, notamment pour protéger les jeunes;
  • les revenus vont être limités par la volonté du gouvernement de contrer le marché noir. Un prix trop élevé peut encourager les consommateurs à chercher des produits à moindre coût sur le marché illicite;
  • les taxes sont des mesures régressives. Il est nécessaire de tenir compte de leur impact sur les groupes défavorisés pour ne pas, au final, augmenter leur fardeau avec de bonnes intentions.

Pour que les revenus d’une éventuelle taxe sur les produits du cannabis soient réellement dédiés au financement de mesures d’encadrement ou d’activités de prévention et de promotion de la santé, les modalités doivent être inscrites dans une loi.

Questionnements

  1. En tenant compte des coupes importantes en santé publique ces dernières années, croyez-vous que le réseau est prêt à déployer adéquatement de nouvelles interventions?
  2. Pouvez-vous identifier des situations qui pourraient devenir problématiques en lien avec la légalisation du cannabis à des fins récréatives si les ressources ne sont pas au rendez-vous?

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3- Un dérapage est à prévoir si la commercialisation du cannabis est contrôlée par les intérêts des entreprises privées

Selon les experts, la hausse de l’usage de cannabis est associée à sa commercialisation et non pas au changement de statut légal. Les acteurs impliqués dans l’industrie du cannabis sont incités, par leurs intérêts financiers, à utiliser différentes techniques de marketing pour augmenter la consommation de leurs produits et la fidélisation de leur clientèle.

  • La commercialisation est en soi difficilement dissociable d’une logique de marché basée sur la recherche de profits;
  • La mise en vente légale, si elle est associée à différentes stratégies commerciales, pourrait logiquement entraîner une augmentation de sa consommation.

Un des moteurs de cette logique de profits est les différentes techniques de marketing. Par exemple, plus les fabricants peuvent mettre en marché des produits différents en variant les emballages, la forme ou la concentration d’ingrédients actifs, plus ils peuvent cibler une clientèle large de consommateurs potentiels. La fabrication de produits du cannabis facilement consommables (p. ex. : produits infusés comme le chocolat), ou attrayants (p. ex. : bonbons) permet de cibler indirectement des groupes en particulier, en l’occurrence les jeunes.

Concernant le maintien de canaux de commercialisation différente entre le cannabis consommé à des fins récréatives et médicales, certains pensent qu’un système distinct est nécessaire pour préserver l’accès médical. C’est l’opinion dominante des patients qui consomment du cannabis par nécessité et non par choix. D’autres intervenants jugent plutôt qu’un système distinct n’est pas nécessaire, puisque la fin de l’interdiction signifiera que les personnes ayant besoin d’un accès au cannabis à des fins médicales seront en mesure de le faire légalement. Il s’agit de l’opinion la plus répandue parmi les membres de la communauté médicale.

Questionnements

  1. Croyez-vous qu’un organisme public à l’extérieur du secteur de la santé devrait commercialiser le cannabis?
  2. Est-ce que les consommateurs de cannabis devraient nécessairement avoir recours aux conseils d’un professionnel de la santé avant d’en faire l’achat?

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