Au terme d’un exercice nécessaire et normal dans le cadre d’une négociation, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ a déposé le 9 octobre 2023 aux représentants de la partie patronale un cahier de demandes ajusté.
Bien que la Fédération ait fait des choix pour prioriser certaines demandes, l’essentiel de ses revendications demeure le même : meilleur salaire, amélioration de la charge de travail et meilleure conciliation travail-vie personnelle.

Négociation – Dépôt du 9 octobre 2023
Rémunération
Les infirmières, les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes et les perfusionnistes cliniques ont besoin d’augmentations de salaire significatives, car l’inflation touche tout le monde. Le premier ministre et les député-e-s de la CAQ se sont octroyé des hausses de salaire de 30 %. Les professionnelles en soins ne méritent pas moins que les députés.
Les demandes portant sur la rémunération visent notamment le salaire, la retraite, les quarts d’inconvénients, le temps supplémentaire et les disparités régionales.
Épicerie, logement, essence : nous perdons notre pouvoir d’achat à vue d’œil. La tendance doit s’inverser! Malgré cela, le gouvernement nous offre un maigre 12.7 % sur 5 ans.
Comment le gouvernement peut-il prétendre ne pas avoir les moyens d’augmenter notre salaire alors qu’il dépense des milliards pour les agences privées de placement et pour aider des entreprises privées?
Salaire
Quoi qu’en dise la partie patronale, l’offre salariale du gouvernement est de 12,7 % sur 5 ans, à laquelle s’ajoute un montant forfaitaire unique de 1000 $. Le gouvernement déforme les faits lorsqu’il prétend que son offre est de 16.7 %, car il inclut toutes sortes d’autres modalités, dont de nombreuses professionnelles en soins sont exclues, dépendamment du titre d’emploi, du secteur d’activité ou du quart de travail spécifique.
C’EST CLAIREMENT INSUFFISANT!
La solution
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent une mise à niveau salariale de 6 % au 1er avril 2023, une majoration de 4 % de chaque taux et échelles au 1er avril de chaque année de 2023 à 2025 ainsi qu’un mécanisme annuel permanent d’ajustement du salaire afin d’assurer la protection de leur pouvoir d’achat, et ce, sans réduction de salaire.
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent que le salaire prévu à l’ensemble de leurs titres d’emploi soit supérieur au salaire des préposé-e-s aux bénéficiaires et qu’en plus, la prime relative à la catégorie du personnel en soins infirmiers et cardiorespiratoires de 3,5 % soit intégrée à la convention collective et bonifiée à 6 %.
Retraite
La solution
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent d’augmenter la valeur des années travaillées après l’âge de 65 ans aux fins du calcul de la rente de retraite.
Disparités régionales
Les disparités régionales sont importantes pour les professionnelles en soins qui travaillent dans des régions éloignées, souvent aux prises avec des pénuries de personnels importantes. Ce sont des dispositions qui leur permettent d’avoir des modalités spécifiques à leur réalité pour, notamment, attirer et retenir des professionnelles en soins.
La solution
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent que l’ensemble de la région administrative de l’Abitibi-Témiscamingue soit classée dans le secteur I et que les municipalités de Témiscamingue, de Ville-Marie, de Senneterre et la MRC d’Abitibi-Ouest soient classées au secteur II.
Quarts d’inconvénient
Nous le savons, dans le milieu de la santé, que les soins et les services sont offerts 7 jours par semaine. Ça cause des inconvénients majeurs qu’il faut mieux compenser.
La solution
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent que le salaire régulier entre le vendredi 16 h et le lundi 8 h soit le salaire prévu à l’échelle de salaire majoré de 50 %. Cette modalité dispose de la prime de fin de semaine prévue à l’article 9.04 des dispositions nationales de la convention collective.
Temps supplémentaire
Le gouvernement demande que seules les heures travaillées au-delà de la semaine de travail (37,5 heures) soient payées en temps supplémentaire. Les heures travaillées au-delà de la journée régulière ne seraient donc plus considérées comme du TS. Certaines d’entre nous, surtout celles qui travaillent à temps partiel, pourraient être appelées à travailler en TSO à taux simple!
Quel recul! C’est inacceptable!
La solution
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent que lorsqu’elles effectuent un travail en temps supplémentaire, celui-ci soit, à son choix, rémunéré au taux double de son salaire régulier ou rémunéré au taux et demi de son salaire régulier tout en cumulant 3,75 heures de congé annuel pour chaque quart travaillé en temps supplémentaire, jusqu’à un maximum de 5 jours de congés annuels additionnels.
Également, elles demandent que toutes les salariées détentrices d’un diplôme universitaire soient rémunérées au taux du temps supplémentaire prévu à l’article 19 des dispositions nationales de la convention collective lors d’un travail effectué en temps supplémentaire après la journée ou la semaine régulière de travail.
Garde
La garde est de plus en plus répandue dans le réseau. Son utilisation à outrance est un irritant important. Dans les milieux où elle existait déjà, comme les blocs opératoires, les rappels au travail sont de plus en plus fréquents et rendent la garde plus lourde. Elle est aussi de plus en plus implantée dans de nouveaux milieux, afin de pallier le manque de personnel. En faisant ça, l’Employeur détourne la garde de sa fonction initiale, qui est d’offrir une couverture lorsque les services ne sont pas ouverts.
La solution
Les professionnelles en soins demandent de revoir l’encadrement et de bonifier l’ensemble des conditions associées au recours à la garde.
Conciliation vie personnelle-travail
Les professionnelles en soins n’en peuvent plus de sacrifier leur vie personnelle et familiale pour leur travail. Elles demandent de pouvoir retrouver à la fois une qualité de vie décente et un meilleur équilibre entre leurs vies personnelle et professionnelle. Ces demandes visent, notamment, l’accès à de meilleurs aménagements du temps de travail, l’accès à des congés adaptés à leurs besoins et une mise à jour des congés annuels en fonction de la réalité d’aujourd’hui.
Il est essentiel de retrouver une meilleure conciliation vie personnelle-travail, alors que notre employeur en demande toujours plus. TSO, horaires imprévisibles, impossibilité de prendre nos congés : ça suffit! Nous avons aussi besoin de temps pour nous reposer et récupérer de la charge mentale exigeante que requière notre travail.
Aménagement du temps de travail
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent :
- De bonifier les primes de soir et de nuit ;
- De prévoir la conversion en partie ou en totalité de ces primes bonifiées ;
- Que l’accès à la réduction du temps de travail par la conversion de la prime ne dépende plus de l’Employeur local.
Ainsi, la salariée détenant le statut de temps complet de soir ou de nuit a le droit de réduire sa prestation de travail par deux semaines, tout en continuant de bénéficier des avantages du statut à temps complet.
À la demande de la salariée, la prestation de travail est réduite de la façon suivante :
- Pour la salariée travaillant sur un quart stable de nuit : travailler 8 ou 9 quarts par deux semaines.
- Pour la salariée travaillant sur un quart stable de soir : travailler 9 quarts par deux semaines.
De plus, les professionnelles en soins demandent de bonifier et d’améliorer l’accès aux aménagements du temps de travail à l’ensemble des salariées à temps complet de jour, de soir, de nuit et de rotation.
Congé annuel
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent que la 5e semaine de congé annuel soit obtenue avant 10 ans de service, qu’une 6e semaine de congé annuel soit ajoutée avant 15 ans de service et que la rémunération du congé annuel soit calculée sur le salaire global, tant pour la salariée à temps complet que pour la salariée à temps partiel.
Qualité de vie – Accès à des congés adaptés aux besoins des professionnelles en soins
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent d’ajouter à la convention collective les congés suivants :
- Que la salariée victime de violence conjugale puisse bénéficier de dix jours de congé, consécutifs ou non, sans perte de salaire ;
- Que la salariée ayant un enfant à besoins particuliers à sa charge ou agissant comme proche aidante puisse bénéficier d’un congé sans solde ou partiel sans solde pour le temps dont elle a besoin ;
- Que la salariée aux études puisse bénéficier d’un congé à traitement différé d’une durée de trois, quatre ou cinq mois.
Qualité de vie – Congés spéciaux
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent de bonifier les congés spéciaux prévus à l’article 22 des dispositions nationales de la convention collective afin de bonifier le nombre de jours pour visite médicale reliée à la grossesse, passant d’un maximum de quatre jours à autant de jours que l’état de la salariée enceinte le nécessite et d’inclure l’ensemble du processus de procréation assistée, incluant la période préparatoire.
Charge de travail
Nos conditions de travail sont les conditions de soins des patient-e-s.
Il faut rompre le cercle vicieux créé par l’organisation du travail déficiente et ses irritants qui entraînent une surcharge de travail et accélèrent l’exode des professionnelles en soins.
Celles-ci demandent impérativement la valorisation de l’équipe de soins afin d’attirer de nouvelles recrues dans la profession, de maintenir les professionnelles en poste pour compter sur les ressources humaines nécessaires et d’offrir des soins de qualité et sécuritaires. Pour y arriver, il faut mettre de l’avant une vision d’avenir claire pour le réseau de la santé, axée sur les ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s.
Ces demandes visent, notamment, l’instauration de ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s, la mise en place d’outils pour lutter contre la surcharge de travail, l’abolition du temps supplémentaire obligatoire (TSO) et de ses conséquences désastreuses ainsi que la valorisation de l’équipe de soins.
Les ratios existent déjà pour les tout-petits en CPE et les élèves dans les classes. C’est le gros bon sens! Comment ça se fait que le gouvernement nous dit qu’ils ne tiennent pas la route lorsqu’on parle de soigner des patient-e-s souvent très malades? Le Québec doit suivre l’exemple de la Colombie-Britannique et d’autres États qui ont instauré des ratios.
C’est un investissement payant et intelligent!
Ratios sécuritaires
Les ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s, c’est un nombre de patient-e-s maximal, indiqué dans une loi, qui permet à chaque professionnelle en soins de donner des soins de qualité et sécuritaires.
La solution
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent l’adoption d’une loi sur les ratios sécuritaires professionnelles en soins/patient-e-s.
Outils pour lutter contre la surcharge de travail
Afin de faciliter le déploiement de la Loi limitant le recours aux services d’une agence de placement de personnel et à de la main-d’œuvre indépendante (MOI), les professionnelles en soins de la FIQ demandent de prévoir un mécanisme afin d’éliminer progressivement le recours à la main-d’œuvre des agences privées de placement, notamment par l’instauration d’un comité national de suivi.
Également, elles demandent de bonifier les modalités prévues à l’article 13 des dispositions nationales de la convention collective portant sur le comité de soins afin de mieux défendre les droits des professionnelles en soins. De plus, si des changements devaient découler d’une éventuelle fusion d’accréditations, qu’une concordance soit effectuée à l’article 13 des dispositions nationales de la convention collective
Enrayer les irritants liés à la charge de travail
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent de spécifier que le recours aux heures supplémentaires ne peut constituer une pratique systématique pour remplacer les absences et que ces heures doivent être volontaires et non obligatoires, à l’exception de situations urgentes et exceptionnelles. Dans ce cas, l’Employeur a le fardeau de la preuve. De plus, la salariée peut, à sa demande, voir son quart de travail suivant être aménagé afin de lui permettre un temps de repos raisonnable ou obtenir un congé autorisé. En foi de quoi, les parties pourront convenir d’une entente afin de régler l’ensemble des griefs en cours sur le sujet.
Elles demandent également de verser un supplément salarial à chaque professionnelle en soins pour toute la durée d’un quart de travail dans un centre d’activités où une absence n’a pas été remplacée.
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent qu’une salariée puisse, sur une base volontaire, aller aider temporairement une installation éloignée ou un site isolé ou aux prises avec des difficultés de disponibilité de la main-d’œuvre, dans son établissement ou ailleurs dans le réseau de la santé. Pour ce faire, des incitatifs doivent lui être octroyés en plus de conserver tous les droits et avantages liés à son poste, comme si elle était au travail. Les modalités précédentes s’appliquent également aux activités de perfusion clinique.
Valorisation de l’équipe de soins
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent que le comité paritaire national découlant de l’article 35 des dispositions nationales de la convention collective étudie la tâche et l’organisation du travail des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) et l’impact du changement de leurs rôles et de leurs responsabilités.
Elles demandent aussi la création du titre d’emploi d’assistante du supérieur immédiat perfusionniste clinique. Également, que l’infirmière auxiliaire se voit octroyer le titre d’emploi d’infirmière auxiliaire chef d’équipe lorsqu’elle travaille seule avec un-e ou plusieurs préposé-e-s aux bénéficiaires sur un centre d’activités.
De plus, elles demandent de verser les primes prévues aux paragraphes 9.05 et 9.06 des dispositions nationales de la convention collective pour un quart de travail complet, peu importe le temps passé dans l’unité ; qu’il soit impossible de les morceler selon les sous-services d’un même centre d’activités et que les salariées titulaires d’un poste dans un centre d’activités visé par ces primes en bénéficient en tout temps, même lorsqu’elles travaillent à l’extérieur des lieux physiques. Également, elles demandent que les modalités applicables aux milieux carcéraux soient accessibles à l’ensemble des titres d’emplois.
Elles demandent qu’une liste des formations et des certificats reconnus d’études postscolaires réputés requis qui donnent accès à la rémunération additionnelle pour les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes et les perfusionnistes cliniques soit intégrée à l’annexe 11.
De plus, elles demandent que la salariée dont l’automobile est requise n’ait pas à payer pour se stationner à son port d’attache.
Finalement, elles demandent que les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes qui assument les responsabilités liées à l’orientation et la formation clinique des salariées et des étudiants stagiaires reçoivent une prime de 5 %.
Modalités générales
Libérations syndicales et recours
Les professionnelles en soins de la FIQ demandent qu’un minimum de 25 libérations syndicales par année soit prévu pour les établissements de moins de 50 membres. Sous réserve des changements à la structure syndicale découlant d’une éventuelle fusion d’accréditations, une concordance sera effectuée à l’article 6 de la convention collective.
Aussi, les professionnelles en soins de la FIQ demandent que le paiement des frais d’arbitrage de griefs soit rétabli à ce qui était prévu avant 2006.
À titre informatif, les demandes initiales de la FIQ, déposées le 7 novembre 2022, ainsi que les offres patronales présentées le 15 décembre 2022 sont disponibles ici.