Soigner sans nuire à l’environnement

5 juin 2025

Lorsqu’il était infirmier clinicien en soins à domicile, Jérôme Leclerc se demandait comment améliorer la santé de ses patient-e-s, alors que le réseau au sein duquel il travaillait était lui-même une source importante d’émissions de gaz à effet de serre. « Je faisais une distinction entre mon rôle d’infirmier et mes préoccupations environnementales. Or, en prenant conscience de l’ampleur du problème, j’ai réalisé que, comme clinicien-ne-s, nous avons notre mot à dire. »

Aujourd’hui coordonnateur du Réseau d’action pour la santé durable du Québec (RASDQ), il s’intéresse désormais à la santé durable et aux différentes manières de décarboner le réseau de la santé, sujets dont il a discuté avec les déléguées du 13e congrès de la FIQ, le 4 juin dernier.

Jérôme Leclerc. © FIQ - Carl Labrie
Un réseau qui doit se transformer

Ici comme ailleurs, il est évident que les effets des changements climatiques sont de plus en plus présents en plus d’affecter davantage les personnes les plus vulnérables : vagues de chaleur plus fortes et plus fréquentes, allongement de la période des allergies saisonnières, dégradation de la qualité de l’air à cause des feux de forêt, conséquences physiques et psychologiques des catastrophes naturelles, des migrations climatiques et des conflits causés par le manque d’eau ou de ressources.

Devant ces faits alarmants, le réseau de la santé, qui produit 3,6 % des émissions de gaz à effet de serre du Québec, doit faire sa part pour tendre vers un monde carboneutre. Chauffage et construction des bâtiments, transports pour se rendre vers les lieux de travail et de soins, achats d’équipements et de médicaments, préparation de nourriture, production de déchets; les sources des problèmes sont nombreuses, tout comme les pistes de solutions.

Des projets porteurs

Pour mettre en place des changements durables, il faut d’abord répondre à deux questions primordiales : quel est le projet le plus porteur pour soi et son groupe d’influence? Quel geste a le plus d’impact? « C’est ce qu’on fait ici en ce moment qui a le plus d’importance, rappelle Jérôme Leclerc, en insistant sur l’importance du leadership. Ce qui fait la plus grande différence, c’est de prendre son courage à deux mains pour changer les choses. »

Ainsi, ajouter des bacs pour trier les déchets, remplacer les gaz utilisés au bloc opératoire, retraiter les équipements médicaux au lieu de les jeter, réduire les médicaments prescrits, favoriser le transport actif des travailleuses de la santé, mettre des produits locaux aux menus des hôpitaux et des CHSLD sont tous des moyens de réduire l’empreinte carbone du réseau de la santé.

Pour y arriver, il faut bien choisir son projet, préparer son plan et le présenter aux bonnes personnes, explique Jérôme Leclerc, qui identifie les responsables du développement durable, les comités verts et les ÉCO-Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) comme des alliés importants au sein des établissements de santé.

Enjoignant les déléguées de la FIQ à parler d’environnement avec les membres et à prendre action, le coordonnateur du RASDQ rappelle que la très grande majorité des clinicien-ne-s souhaitent être informé-e-s et participer à cette transition, qui, en 2025, est incontournable pour toute la société.