VIDÉO | L’intelligence artificielle dans le réseau de la santé : quels enjeux pour les professionnelles en soins?
27 juin 2025La révolution numérique frappe à nos portes et le réseau de la santé n’y échappe pas. À l’occasion de sa conférence présentée lors du 13ᵉ congrès de la FIQ, le professeur Vincent Pasquier (HEC Montréal) a expliqué que l’intelligence artificielle (IA) transforme déjà notre travail, nos relations professionnelles et les conditions dans lesquelles nous exerçons notre profession.
Si certaines utilisations de l’IA peuvent soutenir les soins, comme l’aide au diagnostic, le suivi des plaies ou la rédaction automatisée de notes cliniques, d’autres menacent directement l’autonomie professionnelle, la qualité des relations humaines et les conditions de travail.
Vincent Pasquier a notamment mis en lumière :
- L’arrivée de la gestion algorithmique, qui surveille, évalue et dirige le travail (par exemple : attribution des horaires, contrôle de la charge de travail, évaluations de performance automatisées).
- La plateformisation des soins à domicile, où les soignantes deviennent des « prestataires » régies par des applications.
- Le risque de perte de compétences cliniques, si l’on s’appuie trop sur les recommandations des machines au lieu du jugement professionnel.
- La standardisation du soin au détriment du lien humain, de l’empathie et de la capacité à répondre à des situations imprévues.
L’IA est programmée à partir de données humaines et comporte donc des biais. Certaines technologies sous-estiment déjà les symptômes de patient-e-s racisé-e-s, comme l’ont démontré des études en santé. Ces biais systémiques peuvent nuire à la sécurité des patient-e-s, mais aussi accentuer les discriminations au travail.
L’IA n’est pas encore une menace généralisée pour les professionnelles en soins, mais elle transforme déjà leurs tâches, leur rôle, leur reconnaissance.
Le rôle des syndicats : agir tôt
Vincent Pasquier a été clair : plus les syndicats interviennent tôt, meilleures seront les transformations. Pour ce faire, il propose quatre chantiers essentiels :
- Développer une vision syndicale claire : ce que nous acceptons ou refusons.
- Faire un état des lieux : documenter l’introduction de l’IA dans nos milieux.
- Adapter les outils existants : conventions, comités, balises réglementaires.
- Militer pour une régulation forte et inclusive : insister pour que les syndicats et les professionnelles en soins soient impliqués dès le début du développement des outils d’IA.
Pour un avenir technologique au service des soignantes et non à leur place, une vigilance et une mobilisation syndicale s’imposent. Cette conférence a révélé un fait incontournable : l’IA est déjà là. Le syndicat doit y être aussi.
C’est pourquoi la FIQ en a fait un axe fort de son congrès et continuera de revendiquer des protections, un encadrement et une pleine participation des professionnelles en soins dans les débats entourant l’intelligence artificielle. Parce que l’humain doit toujours rester au cœur des soins.
Pour plus d’information : https://www.obvia.ca/ressources/guide-gouvernance-algorithmique