Un réseau public de santé qui mérite qu’on se batte pour lui
3 juin 2025Diversité d’expertises, d’expériences et de points de vue : voilà les forces du réseau public de santé québécois qu’il faut rassembler, selon la Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine, qui s’est adressée aux déléguées en ce deuxième jour du 13e congrès de la FIQ. « Comme vous, je suis une membre du réseau de la santé qui en a vu d’autres », a lancé d’emblée la professeure titulaire au département de microbiologie, infectiologie et immunologie et pédiatrie de l’Université de Montréal, affirmant que ses valeurs et son cœur ne survivraient pas ailleurs. En revenant sur plusieurs épisodes de son expérience personnelle, elle a montré ce qui s’accomplit et ce qui peut s’accomplir dans le réseau public de santé, tout en rappelant que cette impression d’implosion du réseau n’est pas nouvelle dans l’histoire et qu’ensemble, il est possible d’en faire un réseau qui soigne, prévient et rassemble. De ses études en médecine, qu’elle a détestées jusqu’à ce qu’elle rencontre son premier patient, à ses débuts dans un environnement où il était possible d’apprendre et de se tromper, à ses positions de leadership dans de nombreux projets collaboratifs, elle retient que les clés du succès sont le dialogue, l’écoute, la collaboration, l’interdisciplinarité et l’intersectorialité.

Solidarité devant les crises
En rappelant la crise de l’Ebola et la grippe aviaire, la Dre Quach-Thanh a expliqué le concept d’une seule santé, c’est-à-dire que l’environnement, les animaux et les humains sont liés et que comme nous vivons toutes et tous sur la même planète, la solidarité n’est pas une option. La Dre Quach-Thanh estime que le réseau public de santé peut être un outil d’innovation en temps de crise. Ainsi, à la suite de la pandémie de COVID-19, elle a notamment mis sur pied le réseau pancanadien POPCORN, qui regroupe des chercheur-euse-s, des clinicien-ne-s et des patient-e-s partenaires pour répondre à des questions importantes en santé pédiatrique et être mieux préparé à de futures pandémies. Pour la pédiatre et microbiologiste-infectiologue, il n’y a rien de plus gratifiant et stimulant que de développer de nouvelles collaborations. La pandémie de COVID-19 aura permis, selon elle, de développer un esprit de corps dans le réseau de la santé qu’il sera difficile de retrouver. « Les liens sont fragiles devant la normalité. Les silos sont revenus et il ne faut pas attendre la prochaine pandémie pour se parler. »
La situation aux États-Unis, source d’inquiétude
Selon la Dre Quach-Thanh, les scientifiques et les soignantes canadiennes devront faire front devant la situation inquiétante de la recherche aux États-Unis. Préserver un environnement où la science prévaut, où la diversité est un atout et où la violence n’a pas sa place sera essentiel. Le désengagement des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé obligera les autres pays membres à s’engager davantage, notamment pour mettre en œuvre le récent Accord mondial sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies. Comme le rappelle la Dre Quach-Thanh, si les experts peuvent partager leurs connaissances, les décisions reviennent au gouvernement et les soignantes doivent être les yeux de leurs élu-e-s sur le terrain pour assurer que le réseau est prêt à affronter une nouvelle pandémie.