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FIQ (Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec)

« Les médecins ne peuvent pas avoir le beurre et l’argent du beurre » – Le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP)

Montréal, le 3 avril 2008  —  « Les médecins doivent choisir. Ils ne peuvent avoir à la fois le beurre, c’est-à-dire, la rémunération de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) et l’argent du beurre, c’est-à-dire, la contribution payante à l’acte des usagers. Pour pratiquer dans le secteur privé, ils doivent donc absolument se désengager de la RAMQ et absorber tous les risques relatifs à une entreprise privée. »

Telle est la réaction des présidentes et présidents syndicaux membres du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) au projet de loi 392 modifiant la loi sur l’assurance maladie qui a été déposé hier à l’Assemblée nationale par l’Action démocratique du Québec (ADQ).

Une diminution des services publics

Les cinq porte-parole syndicaux du SISP, Réjean Parent (CSQ), Michèle Boisclair (FIQ), Dominique Verreault (APTS), Michel Sawyer (SFPQ) et Gilles Dussault (SPGQ) dénoncent les effets qui seraient engendrés par une pratique mixte sur le système public.

« Une pratique mixte aurait pour conséquence de renverser les paramètres d’exercice dans le secteur public. La dernière négociation avec les médecins a enlevé les quotas d’heures permises et donc de rémunération, leur permettant ainsi d’offrir davantage d’heures au secteur public. Une pratique mixte les obligerait donc à faire un minimum d’heures dans le secteur public », soutiennent les porte-parole du SISP.

Les dirigeantes et les dirigeants syndicaux du SISP se disent convaincus que cela inciterait certainement les médecins à réduire le temps offert au public pour élargir celui effectué au privé. « Conséquemment, cela entraînerait une diminution des services publics pour les personnes ne pouvant se payer des services privés », affirment-ils.

Des médecins au service de leurs intérêts

Le SISP craint également que cela ne favorise un plus grand exode des médecins des régions puisque cette pratique privée n’est payante que dans les grands centres.

« Les régions seront, encore une fois de plus, pénalisées davantage. De plus, nous tenons à rappeler à l’ADQ que les expériences étrangères démontrent que les médecins travaillant à la fois dans le public et dans le privé ont tendance à maintenir leur liste d’attente publique longue afin d’inciter les patients à aller les consulter dans leur pratique privée. En outre, les médecins du Québec n’étant pas différents de ceux d’ailleurs, il y a fort à parier que le même phénomène se produirait ici », soutiennent les présidentes et les présidents syndicaux du SISP.

Un projet de loi pour les mieux nantis

En terminant, les porte-parole du SISP disent ne pas comprendre les motivations de l’ADQ de présenter un tel projet de loi qui ne fera qu’avantager les gens bien nantis au détriment de l’ensemble de la population.

« Nous comprenons mal la présentation de ce projet de loi par l’ADQ sur la mixité dans la pratique médicale, car cela est lié avec l’assurance privée duplicative qui vient renforcer une pratique médicale à deux vitesses puisque seules les personnes fortunées et en santé peuvent se payer des assurances et des services privés », concluent Réjean Parent (CSQ), Michèle Boisclair (FIQ), Dominique Verreault (APTS), Michel Sawyer (SFPQ) et Gilles Dussault (SPGQ).

Profil du SISP

Le SISP regroupe 300 000 membres, issus de cinq organisations syndicales (CSQ, FIQ, SFPQ, APTS et SPGQ), dont près de 245 000 proviennent des secteurs public, parapublic et péripublic. La CSQ représente près de 160 000 membres, dont près de 100 000 œuvrent au sein des secteurs de l’éducation et de la santé. La FIQ regroupe 57 000 membres du secteur de la santé. Le SFPQ représente 43 000 membres, dont 40 000 sont issus de la fonction publique québécoise. Quant à l’APTS, elle représente 26 000 travailleuses et travailleurs occupant des postes professionnels ou techniques au sein du réseau public de la santé et des services sociaux. Pour sa part, le SPGQ regroupe plus de 19 000 personnes de la fonction publique, des sociétés d’État, des réseaux de l’éducation et de la santé du Québec.